Paris (awp/afp) - L'opérateur boursier paneuropéen Euronext a annoncé jeudi un chiffre d'affaires et un bénéfice net record pour l'année 2022, et a diversifié ses sources de revenus afin d'être moins dépendant de la volatilité des marchés.

Le bénéfice net de l'entreprise qui gère les Bourses de Paris, Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne, Dublin, Oslo et Milan a progressé de 5,9% sur un an pour atteindre 437,8 millions d'euros l'année passée, et son chiffre d'affaires a grimpé de 9,3%, à 1,4 milliard d'euros, par rapport à 2021.

Stéphane Boujnah, PDG d'Euronext, s'est félicité durant une conférence de presse d'un "solide modèle diversifié" et de la présence du groupe "tout au long de la chaîne de valeur" liée aux marchés financiers.

Les revenus issus d'activités non liées aux volumes échangés sur les marchés financiers ont représenté 58% du chiffre d'affaires sous-jacent (qui exclut des événements exceptionnels) en 2022, contre seulement 44% en 2018. Cette part a même atteint 60% au quatrième trimestre de l'année dernière.

Ces activités comprennent notamment les introductions en Bourse, les transactions post-marché - comme les garanties de sécurité des transactions, l'exécution des opérations et la livraison des titres échangés -, les services aux investisseurs ou les offres de produits technologiques.

Le développement de ce pan d'activité est crucial pour l'entreprise, qui souhaite s'assurer des revenus stables, même lorsque le contexte de marché n'est pas favorable.

Au cours de la seconde moitié de 2022 les volumes échangés sur les marchés ont sensiblement baissé après deux années et demi marquées par une forte volatilité en raison de la crise liée au Covid-19 à de l'invasion russe de l'Ukraine.

Au quatrième trimestre 2022, le chiffre d'affaires d'Euronext a d'ailleurs baissé de 6,2%, en dessous des attentes des analystes sondés par Factset, à cause d'un fort recul de 12% des revenus liés aux variations des marchés.

En 2023, la volatilité pourrait ne pas remonter sur les marchés. Euronext souligne dans son communiqué qu'en janvier, la valeur moyenne des transactions quotidiennement effectuées sur ses marchés a été 29,6% inférieure au niveau du même mois de 2021, qui avait été notablement élevé.

Acquisition à prévoir

Si l'opérateur boursier ne se fixe pas d'objectif chiffré concernant la part des activités non-liées aux volumes, il n'exclut pas d'acquérir d'autres entreprises.

"Nous allons continuer à explorer les opportunités qui pourraient se présenter, soit pour se développer en Europe, pour diversifier nos revenus ou pour générer plus de croissance de notre activité", a expliqué Stéphane Boujnah.

Le rachat de Borsa italiana, finalisé en avril 2021, a d'ailleurs été une étape cruciale de cette stratégie car il a permis d'ajouter à l'arc d'Euronext les activités de compensation de l'opérateur de la Bourse de Milan, qui devront assurer la sécurité et l'exécution des transactions sur plusieurs marchés européens. Euronext faisait auparavant appel à une filiale de l'opérateur de la Bourse de Londres pour réaliser ces opérations.

L'intégration de la société italienne dans le groupe français s'est poursuivie tout au long de l'année 2022 et a permis de dégager 34,1 millions d'euros de synergies, permises par des réorganisations internes et la renégociation de contrats.

Euronext espère désormais réaliser un total de 115 millions d'euros de synergies d'ici 2024, contre 100 millions prévus précédemment, grâce à l'internalisation des activités de compensation et à la migration d'un centre de données.

Les opérateurs des Bourse de Londres et Francfort ont eux aussi réduit leur dépendance aux marchés actions.

Le groupe London Stock Exchange (LSE) a de son côté misé sur les données financières en rachetant Refinitiv, dont il a tiré 68% de ses revenus en 2021.

L'Allemand Deutsche Börse s'est, lui, spécialisé dans les produits dérivés et les matières premières, où les marges peuvent être plus élevées que dans le trading d'actions.

Il a annoncé mercredi un chiffre d'affaires de 540 millions d'euros en 2022, dont 55% issus des produits dérivés et 25% des matières premières. Son action a d'ailleurs pris de 1,83% jeudi.

afp/rp