PARIS (awp/afp) - Les marchés européens laissent derrière eux une semaine peu reluisante, rendue difficile par les inquiétudes liées au resserrement monétaire aux Etats-Unis et au cycle économique. Pendant la trêve de Noël, les investisseurs devraient, sauf surprise, rester circonspects.

Cette semaine, les places boursières ont beaucoup perdu (-3,28% à Paris, -2,13% à Francfort,-1,98% à Londres), "un phénomène extrêmement rare pour la fin d'un mois de décembre qui est traditionnellement une période plutôt favorable", observe auprès de l'AFP Frédéric Rozier, gestionnaire de portefeuille chez Mirabaud France.

Les problèmes ont été concentrés sur les Etats-Unis, après les conclusions de la dernière réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) et sur des anticipations de ralentissement de croissance.

"L'avancée sur la dette italienne n'a pas permis aux marchés de se retourner. Ils sont sous l'emprise de la correction de Wall Street et des inquiétudes sur le cycle économique et sur la non-résolution de la guerre commerciale", explique-t-il.

Le message de la banque centrale américaine, qui a révisé à la baisse ses perspectives de hausses de taux pour l'an prochain et ses anticipations de croissance et d'inflation pour 2018 et 2019, a provoqué la déception sur les marchés financiers qui craignaient que la Fed ne soit sourde aux avertissements sur un ralentissement de la croissance.

Depuis ces annonces, les derniers espoirs d'un rebond significatif des cours en fin d'année semble s'être envolés.

Et ce, même si le numéro deux du Comité monétaire de la Banque centrale américaine a tenté vendredi de rassurer les marchés financiers par des propos interprétés comme une volonté de la Fed de constamment réévaluer la situation et de remettre en question l'idée qu'elle procédera à deux hausses des taux d'intérêt l'année prochaine.

Si rebond il y a, "il ne sera pas suffisant pour terminer l'année en territoire positif compte tenu de l'ampleur des mouvements de baisse enregistrés ces dernières semaines", estime Isabelle Mateos y Lago, directrice générale au BlackRock Investment Institute.

Surtout, "il ne faudra pas tirer de conclusions des mouvements de la semaine prochaine" pour discerner une tendance de la rentrée, l'agenda étant dégarni et les "niveaux d'activité très faibles" pendant la trêve des confiseurs, souligne-t-elle.

La Bourse de Francfort sera fermée de lundi à mercredi. Et seule l'inflation provisoire allemande pour le mois de décembre en Allemagne est attendue vendredi.

La Bourse de Paris et la Bourse de Londres trouveront portes closes les 25 et 26 décembre et connaîtront deux séances écourtées les veilles de Noël et du Nouvel An.

Une fin d'année difficile

"Les marchés ont besoin d'un petit peu de baume à l'âme", estime Mme Isabelle Mateos y Lago. Il faudrait des "signaux positifs de politique économique pour que le marché reparte à la hausse de manière durable", soit en termes de politique monétaire ou sur le front des discussions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.

"Les investisseurs sont relativement optimistes pour l'année prochaine", mais "l'ambiance a été tellement négative que personne ne veut jouer les héros et recommencer à prendre des risques".

La place parisienne a été marquée par une rotation sectorielle et des phénomènes techniques.

"Depuis quelques jours, on voit les dernières poches de résistance souffrir", à savoir l'aéronautique et la santé, note M. Rozier. "Les titres qui avaient le plus baissé sont tactiquement rachetés" et "on prend les bénéfices là où il en reste."

Sur le CAC 40, "les opérateurs vont surveiller la zone des 4.600 points", car "tant qu'elle n'est pas cassée, cela permet d'espérer une pause" dans le mouvement baissier jusqu'en début d'année.

La première semaine de janvier est "généralement plutôt positive" avec une chasse aux bonnes affaires mais au vu de la tendance, il est possible que "le régime de volatilité reprenne après la première ou deuxième semaine de janvier", reconnaît M. Rozier.

A la Bourse de Londres, une fois la trêve passée, "il y a peu de chances que l'humeur soit meilleure en janvier", a prévenu pour sa part Laith Khalaf, analyste chez Hargreaves Lansdown.

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