Zurich (awp) - Confronté à un phénomène de déstockage persistant et à d'importants investissements dans son outil de production, le constructeur d'instruments de mesure électrique LEM escompte une amorce de rétablissement dès l'automne. La propension des clients à l'investissement demeure dans l'immédiat plutôt réservée, ont reconnu mardi en entretien avec AWP les responsables de l'entreprise meyrinoise.

"Nos finances sont suffisamment solides pour nous permettre de traverser encore quelque temps de demande atone," a assuré le directeur général (CEO) Frank Rehfeld.

Le groupe s'est en outre donné les moyens pour répondre au rebond prévu des entrées de commandes, inaugurant officiellement en avril sa nouvelle fabrique en Malaisie. "La pleine utilisation des capacités de notre nouvelle usine de Penang, amenée à être la deuxième plus importante de LEM, est agendée pour l'horizon 2027-2028", a indiqué le trésorier (CFO) Andrea Borla.

Pour l'heure, une septantaine d'employés réceptionnent les machines et procèdent à leur mise en service. Les effectifs devraient à terme représenter 500 à 600 collaborateurs, pour une capacité de production de 250 millions de pièces par année.

Franc cher

Revenant sur la performance 2023/2024, close fin mars, le patron a tenu à souligner l'impact de l'appréciation du franc sur l'évolution des recettes, "Notre comptabilisation en francs suisses occulte une progression de notre chiffre d'affaires de l'ordre de 30 millions en 2023/24", a calculé Frank Rehfeld. A changes constants, l'érosion de 0,1% du chiffre d'affaires, à 405,8 millions de francs suisses se serait ainsi muée en une croissance de plus de 7%.

Une décroissance de près de 15% sur le seul dernier partiel a annihilé la croissance observée sur les neuf premiers mois de l'année.

Moteur de ventes de longue date, la Chine a cédé son statut de 1er débouché à la zone Europe/Moyen-Orient/Afrique. La direction entend toutefois reconquérir les parts de marché perdues dans l'Empire du Milieu pendant la période de fortes perturbations sur les chaînes d'approvisionnement au sortir de la pandémie.

La rentabilité a, elle, souffert d'une inflation des coûts d'approvisionnement, de stockage, de la comptabilisation des indemnités de licenciement pour une quarantaine d'employés, ainsi que de frais pour la mise en service du nouveau site de production de Penang.

Rentabilité en berne

La marge opérationnelle (Ebit) a été élaguée de près de trois points de pourcentage à 20,0%. Le résultat afférent a chu de 12,1% à 81,1 millions, quand le bénéfice net a fondu de 13,3% à 65,3 millions.

La performance s'inscrit dans le bas des objectifs déjà modérés par la direction en février dernier et en dessous des pronostics les plus pessimistes formulés par les analystes consultés par AWP.

Les actionnaires se verront proposer un dividende réduit de 2 francs suisses à 50 francs suisses.

Les analystes accueillent une volée de chiffre décevante. Chez Vontobel, Arben Hasanaj salue la lumière au bout du tunnel évoquée par la direction, tout en prévenant que la montée en puissance du site de Penang risque de peser dans l'immédiat sur la rentabilité.

Tobias Fahrenholz, pour Stifel, déplore des perspectives pour le moins floues. La direction reconnait à cet égard ne pas disposer de visibilité au-delà de quelques mois.

A la Bourse, l'action LEM a fini en recul de 7,3% à 1576 francs suisses, dans un SPI en baisse de 0,81%.

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