(Répétition sans changement d'une dépêche diffusée vendredi)

* Les marchés moins sensibles à la thématique commerciale

* Les banques centrales ne font pas de vagues

* La peur d'une récession s'éloigne

* L'actualité est plus chargée du côté des entreprises

par Patrick Vignal

PARIS, 25 novembre (Reuters) - Les marchés financiers paraissent se caler sur un rythme guère palpitant, les indices boursiers reculant à peine à chaque désillusion sur le commerce avant de remonter légèrement quand renaît le fragile espoir d'un accord partiel.

"On s'ennuie", résume le titre d'une note récemment publiée par les analystes de Saxo Banque.

Rien, ni les "minutes" des réunions monétaires d'octobre de la Réserve fédérale et de la Banque centrale européenne, ni les derniers indices d'activité du secteur privé des économies du secteur privé, n'est parvenu à réveiller des marchés mollassons.

Les résultats préliminaires des enquêtes d'IHS Markit auprès des directeurs d'achat ne sont pourtant pas réjouissants: l'indice composite, qui regroupe l'industrie et le tertiaire, est tombé à 50,3 en octobre pour la zone euro, soit à la frontière de la contraction.

Les investisseurs ont paru retenir surtout un vague rebond du secteur manufacturier en Allemagne comme en France et rien n'a bougé sur les marchés.

La politique monétaire, pourtant sensible, ronronne elle aussi.

La Fed, qui a décidé de faire une pause dans son cycle de baisse des taux, n'a guère donné d'indices lors de sa réunion d'octobre sur ce qui pourrait l'inciter à changer d'avis, montre le compte rendu des débats.

Les dirigeants de la BCE se sont efforcés pour leur part lors de leur réunion du mois dernier de faire taire leurs divergences en reléguant au second plan les critiques sur la reprise des achats de titres sur les marchés.

Il ne fallait pas trop compter sur la sage Christine Lagarde pour provoquer un séisme. La nouvelle présidente de la BCE a bien parlé vendredi, devant le Congrès bancaire européen, mais elle a simplement fait valoir que la zone euro devait renforcer sa demande intérieure pour augmenter sa résistance aux chocs externes.

PAS DE RÉCESSION EN VUE

Du côté du commerce, dossier pourtant brûlant qui pèse sur les marchés depuis plus d'un an et demi, un accord transitoire se rapproche puis s'éloigne au gré des déclarations des uns et des autres.

"Les marchés s'habituent à cette problématique et ont compris qu'il s'agissait d'une donnée de long terme", explique Christopher Dembik, responsable de l'analyse macroéconomique chez Saxo Bank.

Les effets sur le commerce mondial de l'affrontement entre les Etats-Unis et la Chine sont bien réels mais pas de nature à entraîner une récession généralisée à court ou moyen terme, ajoute-t-il.

"Le risque demeure mais il est devenu moins prégnant et va certainement s'étaler sur le mandat du prochain président américain", dit-il sans toutefois exclure la possibilité d'un accord partiel à un horizon plus proche.

L'économiste de Saxo Bank écarte une récession en 2020 ou même en 2021 mais son scénario de base n'est pas pour autant enthousiasmant, avec peu de croissance, peu d'inflation et des taux appelés à rester durablement bas.

Son optimisme relatif s'explique notamment par la posture très accommodante des grandes banques centrales.

"S'il y a une crise économique, elle viendra des marchés financiers, qui sont bien tenus par les banques centrales", dit-il.

Dans ce contexte, Saxo Bank prévoit de rester exposé aux actifs risqués, favorisés par les injections de liquidité des instituts d'émission.

"Le marché actions a encore du potentiel et devrait rester intéressant en termes de rendement malgré des valorisations élevées", dit Christopher Dembik.

DES FUSIONS ET DE LA DINDE

Pour trouver un peu d'action, il faut délaisser la macroéconomie pour se tourner vers les entreprises, avec une riche actualité du côté des fusions et acquisitions.

Les accusations de General Motors contre Fiat Chrysler Automobiles (FCA) n'affecteront pas le projet de fusion à 50 milliards de dollars entre le constructeur italo-américain et le français PSA, a-t-on ainsi appris jeudi de source proche de FCA.

Une autre opération d'ampleur se dessine puisque LVMH a relevé son offre sur Tiffany, qui lui a donné en contrepartie accès à ses comptes, selon des sources au fait des discussions entre le géant français du luxe et le joaillier américain.

Comme le lui avait demandé Tiffany, qui a repoussé une première offre au début du mois, LVMH a soumis une nouvelle proposition plus généreuse, à près de 16 milliards de dollars, précise-t-on de mêmes sources.

Toujours du côté des entreprises mais en Bourse, l'action de la Française des Jeux (FDJ) a gagné plus de 16% jeudi pour son premier jour de cotation à Paris, la plus grosse opération du genre ouverte à des investisseurs particuliers en France depuis la crise financière.

Les amateurs de sensations fortes ne devraient pas avoir grand-chose à se mettre sous la dent dans les jours qui viennent, mis à part quelques indicateurs et un discours lundi du président de la Fed, Jerome Powell.

En fin de semaine, les investisseurs américains éloigneront leurs pensées du commerce pour les tourner vers la dinde avec la fête de Thanksgiving, pour laquelle Wall Street sera fermée jeudi avant de ne rouvrir le lendemain que pour une séance écourtée.

(Edité par Marc Angrand)