Genève (awp) - Kudelski et la chaîne française cryptée Canal+ ont contribué à démanteler une organisation, basée dans le canton de Vaud, distribuant illégalement des contenus vidéos francophones, une "première du genre", a affirmé mercredi le groupe technologique de Cheseaux-sur-Lausanne.

L'opération "est le résultat d'une plainte pénale du groupe Canal+ et de Nagra, la division télévision numérique du groupe Kudelski, auprès de la Police cantonale vaudoise, qui a mené les opérations avec le soutien d'Europol, l'Office européen de police, et d'Eurojust, l'Agence de l'Union européenne pour la coopération judiciaire en matière pénale", ont précisé les deux sociétés dans un communiqué commun.

Le site KBoxServ proposait à ses utilisateurs plus de 77'000 épisodes de séries télévisées et 7000 films. Le contenu piraté était distribué par des serveurs situés en Europe, notamment en Suisse, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas. Des appareils IPTV, préconfigurés pour donner un accès à vie à du contenu protégé, étaient par ailleurs vendus en ligne et dans plusieurs magasins de détail en Suisse et en France.

Le manque à gagner potentiel lié aux "Kbox" se chiffre à plusieurs centaines de millions d'euros et plusieurs centaines de milliers d'abonnés par an, a précisé à AWP Brice Daumin, directeur général de Canal+ Suisse. A titre d'exemple, un film français à succès comme "Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu" a été visionné illégalement 4,6 millions de fois avant sa diffusion officielle sur petit écran, explique le responsable.

Plus de deux millions de chiffre d'affaires

Du côté de Kudelski, le piratage de contenu affecte les clients, ce qui a des répercussions sur les affaires du groupe vaudois. Canal+ est l'un des clients historiques de l'entreprise technologique. Nagra et Canal+ ne sont pas les seuls plaignants dans l'affaire. Deux studios américains, les géants Universal - propriétaire de Canal+ - et Warner Bros, ont également lancé des procédures.

Selon la police cantonale vaudoise, environ 20'000 "KBox" auraient été vendues et auraient généré un chiffre d'affaires supérieur à deux millions de francs suisses.

Les enquêtes menées côté suisse ont permis de soupçonner les personnes en charge de la gestion des boîtiers: trois ressortissants suisses âgés de 45, 38 et 35 ans. Ils ont été interpellés et auditionnés mardi en Suisse, a précisé à Keystone-ATS une porte-parole de la police cantonale. Elle n'a pas pu dire si d'autres personnes avaient été interpellées, sur territoire helvétique ou ailleurs.

"Ils ne se sont pas contentés de faciliter le visionnement de films ou séries en streaming, mais aussi d'avoir joué un rôle actif dans la mise à disposition du contenu diffusé et la gestion des serveurs hébergeant ces films et séries protégés par le droit d'auteur", souligne le communiqué de la police.

Mardi, alors que des serveurs ont été simultanément séquestrés en Suisse, en Allemagne, en France, aux Pays-Bas et à Monaco, plusieurs opérations d'investigations ont eu lieu dans le canton de Vaud. Elles ont conduit à des perquisitions et donc des auditions. L'enquête se poursuit pour définir les responsabilités et l'ampleur des infractions commises par chacun des prévenus, selon la police.

al/fr