par Michelle Gershberg et David Jones

Le milliardaire a exprimé des doutes sur les chances de succès de l'offre de Kraft, ce qui a fait baisser l'action de Cadbury tandis que celle du groupe américain progressait.

Berkshire Hathaway, la société de Warren Buffett qui détient 9,4% de Kraft, s'est prononcée contre le projet du groupe alimentaire d'émettre 370 millions d'actions nouvelles afin de financer le rachat de Cadbury.

La société n'exclut pas de revoir son vote si elle conclut d'ici au 19 janvier que l'offre de Kraft ne détruit pas de valeur pour les actionnaires.

Warren Buffett, réputé pour son expertise en matière d'investissements, a fait valoir qu'approuver le projet d'émission d'actions de Kraft reviendrait à lui signer un chèque en blanc qui lui laisserait les mains libres pour modifier son offre sur le confiseur britannique.

Une porte-parole de Kraft a indiqué que le groupe prenait l'opinion de Warren Buffett très au sérieux et qu'"il ne ferait rien qui puisse nuire à la valeur pour les actionnaires".

Kraft avait annoncé un peu plus tôt dans la journée qu'il améliorait son offre de 10,2 milliards de livres (11,3 milliards d'euros) sur Cadbury en relevant de 60 pence la partie en espèces tout en réduisant la partie en actions.

La partie en espèces est ainsi portée à 360 pence par action.

Le groupe a par ailleurs cédé son activité pizzas au suisse Nestlé pour 3,7 milliards de dollars (2,6 milliards d'euros) en vue de financer l'opération.

NESTLÉ MET UN TERME AUX SPÉCULATIONS

Cadbury a rejeté la nouvelle proposition, en la qualifiant une nouvelle fois de "dérisoire".

L'action du confiseur britannique a reculé après que Nestlé a fait savoir qu'il n'avait pas l'intention de participer à une offre sur Cadbury, mettant ainsi fin aux spéculations. Elle a encore accru ses pertes après les déclarations de Warren Buffett pour abandonner 3,4% en milieu d'après-midi.

"La décision de Nestlé fait de Kraft le principal favori (...)", a commenté Jeremy Batstone-Carr de Charles Stanley. "La décision de Nestlé écarte Ferrero et Hershey du champ des compétiteurs".

L'américain Hershey et l'italien Ferrero ont exprimé un intérêt pour le confiseur britannique en novembre mais ils sont tenus par la législation britannique de présenter des offres prévoyant un financement complet d'ici au 23 janvier.

Des analystes spéculaient sur une possible alliance entre Hershey et Nestlé tandis que Ferrero a également besoin d'un financeur.

"La décision de ne pas faire une offre sur Cadbury a toujours été claire en dépit des spéculations du marché allant dans le sens contraire", explique James Amoroso, un analyste indépendant. "Désormais la course pour Cadbury se joue à cavalier seul. Aujourd'hui, Kraft peut mettre davantage d'argent dans son offre".

LES ACTIONNAIRES DE CADBURY SCEPTIQUES

Les termes détaillés de l'offre de Kraft seront précisés le 19 janvier, date limite fixée par le Takeover Panel britannique pour présenter une offre modifiée. Le groupe américain a également prolongé au 2 février la date butoir accordée aux actionnaires de Cadbury pour accepter son offre.

Précédemment, Kraft proposait 300 pence en espèces et 0,2589 action nouvelle du groupe américain en échange de chaque titre Cadbury.

"Kraft Foods fait cela en raison du désir exprimé par certains détenteurs de titres Cadbury d'avoir une part de l'offre plus importante en espèces", a expliqué le géant américain dans un communiqué.

Les actionnaires de Cadbury avaient laissé entendre qu'une part plus importante en espèces serait un atout pour l'offre de Kraft mais ils n'ont pas semblé convaincus par la nouvelle proposition du groupe américain.

L'un des principaux actionnaires du groupe britannique a souligné "que (la nouvelle offre) ne changeait vraiment rien", car ce qui pose problème selon lui n'est pas la forme de l'offre mais son montant.

Vers 15h55 GMT, l'action Kraft gagnait 3,6% à Wall Street.

Michele Gershberg, version française Danielle Rouquié, Alexandre Boksenbaum-Granier et Gwénaëlle Barzic éditée par Marc Angrand