La rémunération globale de Jamie Dimon pour 2012 a été ramenée à 11,5 millions de dollars, dont 10 millions de bonus, contre 23,1 millions et 21,5 millions de bonus en 2011.

Elle a été amputée en dépit de la hausse de 53% du bénéfice net de la banque au quatrième trimestre et du fait que le groupe peut se targuer de profits annuels record en 2012.

Les résultats du quatrième trimestre ont bénéficié entre autres de la croissance des activités de crédit immobilier et de la forte baisse des provisions pour risque de crédit.

Ce sont ces résultats sans précédent qui ont motivé l'octroi d'une prime malgré tout à Jamie Dimon, même si les pertes de trading londoniennes en ont été retranchées.

"En tant que PDG, M. Dimon assume la responsabilité ultime des échecs qui ont conduit aux pertes du Chief Investment Office", explique la banque dans un communiqué, en référence à la division des opérations pour compte propre du groupe.

Les pertes de trading subies l'an dernier par le CIO - imputées en grande partie sur le deuxième trimestre 2012 - sont dues pour l'essentiel aux positions perdantes prises par Bruno Iksil, un trader français basé à Londres et surnommé "la baleine", sur le marché des dérivés de crédit.

Jamie Dimon a dit à la presse qu'il respectait la décision du conseil d'administration.

Un rapport spécial commandé par la banque et rendu public mercredi pointe trois autres dirigeants, en dehors de Dimon, pour ces pertes de trading : Ina Drew, l'ancienne responsable des investissements, Barry Zubrow, ex-responsable du risque, et Douglas Braunstein, l'ex-directeur financier.

Ina Drew n'a pas supervisé comme il l'aurait fallu les transactions qui ont abouti aux pertes, Barry Zubrow n'a pas établi dans les normes la fonction risque au sein du CIO, et il est reproché à Douglas Braunstein des carences dans les contrôles financiers, lit-on dans le rapport.

Quant à Jamie Dimon, "il aurait pu éprouver davantage la confiance qu'il accordait à ce qui lui était dit". Mais il lui est reconnu d'avoir réagi "avec vigueur" lorsqu'il a eu connaissance du problème.

"GLOBALEMENT UN BON TRIMESTRE"

Jamie Dimon a dit mercredi que l'affaire de "la baleine" n'avait pratiquement plus d'incidence pour ce qui concernait le trading, mais les autorités de régulation continuent d'enquêter. Il a admis que l'affaire avait encore causé une perte au quatrième trimestre. Il a dit qu'elle était modeste, sans autre précision.

Sur les trois derniers mois de 2012, la première banque américaine a réalisé un bénéfice net de 5,69 milliards de dollars (4,29 milliards d'euros), soit 1,39 dollar par action, contre 3,73 milliards (90 cents/action) un an auparavant.

Ces résultats, sur les deux périodes, incluent des éléments exceptionnels.

David George, analyste de Baird, pense que ces résultats ne devraient pas faire pâle figure face à la concurrence.

Les revenus tirés du crédit immobilier, hors pertes sur rachats de prêts antérieurs, ont augmenté de 51% à 1,6 milliard.

Les provisions pour risque de crédit ont chuté de 70% à 656 millions.

"Nous avons continué d'observer des conditions de crédit favorables sur l'ensemble de nos portefeuilles de prêts et des performances de crédit solides dans notre portefeuille de cartes de crédit", a observé Jamie Dimon.

"Globalement, c'est un bon trimestre pour JPM", dit Glenn Schorr, analyste de Nomura. "Une solide progression des résultats, formation et rendement du capital, et une valorisation raisonnable devraient faire de 2013 à nouveau une bonne année pour l'action."

Celle-ci a effacé ses pertes initiales à Wall Street et prenait 0,58% à 46,62 dollars en fin de matinée. Le titre a largement récupéré les 26 milliards de dollars de perte de capitalisation accumulées dans les deux semaines qui ont suivi l'admission par JPMorgan des pertes de "la baleine".

Jamie Dimon a estimé que des rachats d'actions restaient intéressants aux cours actuels.

Marc Angrand et Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Dominique Rodriguez