Elle poursuit sa stratégie d’expansion aux Etats-Unis avec l’acquisition annoncée fin avril de Hibbett. Le réseau continental du groupe basé en Alabama vient astucieusement compléter le portefeuille américain de JD, pour l’instant établi sur les deux cotes.

Il est notable que cette acquisition à $1.1 milliard ait été réalisée à un multiple a priori très attractif pour JD. Le britannique paie l’équivalent de x6 l’EBITDA de l’américain, et x11 ses profits. Les actionnaires de Hibbett ont-ils vu ici une porte de sortie salvatrice dans le secteur hyper-difficile de la vente au détail d’articles de sport ? 

Peut-être, mais cela n’empêchera pas JD de jouer sa main. Plus tôt cette année, le groupe désormais dirigé par Régis Schultz — un ancien de Monoprix — annonçait qu’il investirait £3 milliards dans l’ouverture de 1 750 magasins supplémentaires ; en l’état, son empreinte s’élève à 3 400 magasins.   

JD, c’est vrai, affiche un parcours de croissance exceptionnel. Cependant les craintes sont réelles que celui-ci soit arrivé au bout de son modèle. Début 2021, le britannique avait procédé à une augmentation de capital et placé de nouvelles actions à un cours comparable à celui d’aujourd’hui — £145p, ajusté pour le split ultérieur de 5:1. 

Les grandes marques de sportswear — Nike et consorts — entendent en effet reprendre le contrôle de leurs circuits de distribution, de sorte à pouvoir remonter leurs prix. La course à l’échelle est donc critique pour JD, qui doit impérativement garder cet atout comme levier de négociation face aux marques. 

Si ces dernières ne peuvent se passer du débouché offert par JD, elles seront forcées de lui accorder des remises substantielles — condition sine qua none pour attirer du trafic en magasin. Voilà, dans les grandes lignes, en quoi consiste le pari. 

On voit aussi quel le marché n’y croit que très timidement. La valorisation de JD évolue elle-même autour de x7 l’EBITDA et x10 le cash-flow libre du dernier exercice fiscal annuel.