(Actualisé avec la condamnation)

NEW YORK, 13 mars (Reuters) - Paul Manafort, ex-directeur de campagne de Donald Trump qui a déjà écopé la semaine dernière de 47 mois de prison pour fraudes fiscales et bancaires, a été condamné mercredi à Washington à un total de 73 mois de prison pour conspiration contre les Etats-Unis et d'entrave à la justice.

Il ne devra verser aucune amende.

La juge fédérale Amy Berman Jackson, magistrate à la cour de district de Washington, lui a infligé une peine de 60 mois pour le premier chef d'accusation. Sur ces 60 mois, trente sont confondus dans la peine de 47 mois prononcée jeudi dernier dans une autre affaire par le tribunal du district d'Alexandria, en Virginie.

Pour le second chef d'accusation, Manafort a été condamné à 13 mois de prison.

Comme il a déjà passé neuf mois derrière les barreaux, cela signifie, toutes peines prises en compte, qu'il doit encore passer normalement six ans et neuf mois en détention.

Lors de l'audience, il a exprimé des regrets mais la juge a eu des mots très sévères pour lui. "Dire 'je suis désolé d'avoir été attrapé', ce n'est pas un bon moyen d'obtenir la clémence", a-t-elle dit.

L'accusé risquait théoriquement jusqu'à dix ans de prison - cinq ans pour chacun des deux chefs d'accusation sur lesquels il a plaidé coupable l'an dernier.

La décision de la juge Jackson met fin à deux années de bataille juridique entre Manafort, consultant chevronné des campagnes électorales républicaines qui a travaillé cinq mois pour Trump, et le procureur spécial Robert Mueller, chargé de conduire depuis mai 2017 l'"enquête russe" sur une ingérence présumée de la Russie dans l'élection présidentielle de 2016 et une éventuelle collusion entre l'équipe Trump et Moscou.

Les missions de lobbying qu'a accomplies Manafort pour des politiciens pro-russes en Ukraine, dont l'ex-président Viktor Ianoukovitch, sont au coeur de l'enquête du procureur Mueller.

La juge Jackson a estimé le mois dernier que Manafort avait contrevenu à l'accord de plaider coupable conclu avec le procureur Mueller en mentant à celui-ci sur des questions importantes dans le cadre de l'enquête russe.

La première sentence prononcée la semaine dernière contre Manafort en Virginie par le juge T.S. Ellis, 47 mois de prison pour des crimes financiers, a été jugée très clémente.

Dans le procès de Washington, Manafort était poursuivi pour conspiration contre les Etats-Unis (un chef d'accusation large couvrant des faits allant du blanchiment d'argent à des activités de consultant politique non déclarées) et entrave à la justice par subornation de témoin.

L'équipe du procureur Mueller n'avait pas émis de recommandation spécifique dans cette affaire mais avait qualifié Manafort de criminel "endurci" devant rendre des comptes en raison de la "gravité" de ses actes.

Des avocats font valoir que Manafort, qui aura 70 ans le mois prochain, pourrait bénéficier d'une grâce présidentielle. (Andy Sullivan et Jan Wolfe; Jean Terzian, Nicolas Delame, Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français)