(Actualisé, rencontre avec Rohani et Khamenei)

par Parisa Hafezi

ANKARA, 29 janvier (Reuters) - Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s'est rendu en Iran mercredi pour tenter de renforcer les relations bilatérales dans les domaines de l'énergie et du commerce en dépit des divergences sur la Syrie.

La Turquie appelle au départ de Bachar al Assad tandis que l'Iran chiite est le principal soutien du président syrien, issu de la communauté alaouite, une branche du chiisme.

Recep Tayyip Erdogan a été reçu par l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution, et par le nouveau président iranien, Hassan Rohani, un modéré qui prône la détente avec l'Occident et dit partager les inquiétudes de ceux qui craignent la montée en puissance d'Al Qaïda en Syrie.

"Notre relation avec la Turquie est entrée dans une nouvelle phase et nous espérons que cette tendance va perdurer. Outre le fait de servir les intérêts des deux pays, nous espérons que le dialogue (avec la Turquie) servira également les intérêts de la région", a déclaré à la presse le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Marzieh Afkham.

"En tant que voisins et pays musulmans, l'Iran et la Turquie ont de nombreux points communs et de nombreuses possibilités de coopération", a-t-il dit.

Le gouvernement turc est secoué depuis la mi-décembre par une vaste affaire de corruption, qui porterait notamment sur des ventes d'or illégales à l'Iran. La banque publique turque a fait savoir qu'elle avait facilité par le passé l'achat de gaz iranien contre des cargaisons d'or turc.

Mercredi, les divergences politiques entre les deux Etats ont été mises de côté, au profit de la coopération économique.

Recep Tayyip Erdogan a signé trois accords commerciaux avant de prendre le chemin du retour, a indiqué la télévision iranienne sans plus de précisions.

ANTICIPATION

"Aujourd'hui nous avons la chance de reconsidérer notre relation bilatérale", avait-il déclaré auparavant, lors d'un entretien avec le vice-président iranien Eshaq Jahangiri.

La Turquie entend augmenter ses importations de gaz et de pétrole en provenance d'Iran dans le cadre de l'allègement des sanctions qui frappent le secteur énergétique iranien après l'accord provisoire conclu le 24 novembre entre Téhéran et les grandes puissances et par lequel la République islamique s'engage à réduire certaines de ses activités nucléaires controversées.

Avant son départ d'Ankara, le Premier ministre turc avait souhaité qu'un accord définitif sur le nucléaire iranien permette la "suppression de la totalité des sanctions".

Selon des responsables iraniens, les échanges commerciaux entre l'Iran et la Turquie, qui représentaient l'équivalent de 16,2 milliard d'euros en 2012, sont tombés à 14,6 milliards d'euros en 2013 et mais devraient atteindre près de 22 milliards en 2015.

L'Iran était le troisième marché à l'export de la Turquie en 2012. Dans les faits, la Turquie vend plus de 20.000 produits différents en Iran, dont de l'or et de l'argent, indique la presse iranienne.

Le sous-secrétaire américain au Trésor, David Cohen, qui s'est rendu en Turquie juste avant le départ de Recep Tayyip Erdogan pour l'Iran, a mis en garde le gouvernement turc contre toute amélioration rapide des relations commerciales avec la république islamique avant la conclusion d'un accord définitif en matière nucléaire, a rapporté la presse turque.

"Les entreprises intéressées par un engagement en Iran doivent s'abstenir. Le jour viendra peut-être où l'Iran sera ouvert aux affaires mais ce n'est pas aujourd'hui", a déclaré David Cohen selon le journal turc Zaman. (Avec Orhan Coskun et Humeyra Pamuk, Clémence Apetogbor et Jean-Philippe Lefief pour le service français)