* Réunion lundi pour associer les constructeurs à la prime à la conversion

* Le gouvernement garde son cap sur la montée en charge des taxes vertes

PARIS, 28 octobre (Reuters) - Le gouvernement exclut de transiger sur la fiscalité verte, en dépit des questionnements suscités par la nouvelle hausse des taxes sur les carburants prévue en 2019, mais promet de revaloriser les aides aux particuliers.

Pour ce faire, Bercy prévoit notamment de faire participer les constructeurs au financement du renforcement programmé de la prime à la conversion écologique, destinée à aider les Français à s'équiper en véhicules moins polluants.

"Une bonne politique, c'est de garder son cap. Nous ne ferons pas de retour en arrière", assure le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire dans un entretien au Parisien dimanche, tout en disant entendre "les remarques et les inquiétudes des Français."

Depuis le début de la discussion des textes budgétaires à l'Assemblée mi-octobre, les critiques de l'opposition, de droite comme de gauche, se sont notamment cristallisées sur l'aspect "punitif" de la montée en charge de la fiscalité écologique pour le pouvoir d'achat, dans un contexte où les cours du pétrole sont déjà élevés.

Une réunion est prévue ce lundi entre Bruno Le Maire, le ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy et les constructeurs automobiles "afin d'évoquer les mesures permettant d'accélérer la transition écologique du parc automobile", selon l'agenda diffusé dimanche par Bercy.

"Avec François de Rugy, nous demanderons demain (lundi-NDLR) aux constructeurs automobiles de participer à la prime à la conversion. Elle devra être plus efficace et toucher plus de Français", précise dimanche Bruno Le Maire au Parisien.

Cette prime - destinée à inciter au remplacement des anciens véhicules polluants - s'élève actuellement à 1.000 ou 2.000 euros selon l'imposabilité du ménage, voire 2.500 euros pour l'achat d'un véhicule électrique neuf, sans conditions de revenus. Elle devrait profiter à près de 300.000 personnes d'ici la fin de l'année.

LES CONSTRUCTEURS MIS À CONTRIBUTION

François de Rugy a déjà annoncé qu'il était prévu d'augmenter cette prime en 2019 et de l'élargir aux véhicules hybrides rechargeables, qu'ils soient neufs ou d'occasion.

Pour le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, "notre travail c'est effectivement de forcer les constructeurs à pouvoir participer à ce changement".

"Bruno Le Maire mais également François de Rugy reçoivent ces constructeurs et vont je l'espère réussir à les convaincre qu'ils doivent participer au même titre que l'Etat à mettre de l'argent pour cette transition écologique", a-t-il déclaré dimanche au Grand rendez-vous Europe 1-Les Echos-CNEWS.

L'élargissement programmé des aides à l'achat de véhicules propres est déjà financé par un durcissement du malus sur les véhicules polluants voté mardi à l'Assemblée, qui doit permettre de dégager 40 millions d'euros de recettes supplémentaires, pour un total porté à 610 millions d'euros l'an prochain.

Gérald Darmanin a une nouvelle fois défendu la montée en charge de la fiscalité écologique, une décision d'"avenir" pour la transition écologique: "C'est un sujet qui ne souffre ni l'hypocrisie ni la démagogie", a-t-il dit.

Le budget 2019 prévoit d'augmenter les taxes sur le gazole de plus de 6 centimes d'euros par litre, et celles sur l'essence de près de trois centimes, une hausse que le gouvernement a tenté de relativiser, par rapport par à celle liée à l'envolée des cours du pétrole.

(Julie Carriat, édité par Myriam Rivet)