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ROME, 19 décembre (Reuters) - La police italienne a arrêté 334 personnes au cours de l'une des plus vastes opérations jamais organisées contre la mafia dans le pays, a fait savoir jeudi le procureur chargé de l'enquête.

Ce coup de filet visait spécifiquement la 'Ndrangheta, un groupe originaire de Calabre qui a progressivement supplanté la Cosa Nostra, au point de s'imposer comme l'organisation mafieuse la plus puissante du pays et l'une des plus importantes au monde.

Les arrestations ont eu lieu en Italie pour l'essentiel mais également en Allemagne, en Suisse et en Bulgarie.

"Des hommes politiques sont impliqués, de même que des avocats, des comptables, des fonctionnaires (...), autant de gens qui ont un emploi et n'avaient pas besoin de se mettre au service de la 'Ndrangheta", a déclaré le procureur Nicola Gratteri, qui mène les investigations.

"Les mafieux n'ont pas les moyens d'organiser des circuits sophistiqués de blanchiment d'argent, ils ont besoin de professionnels pour ça", a-t-il ajouté.

Un ancien député de Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, le maire d'une ville de Calabre et un cadre des carabiniers - l'équivalent italien de la gendarmerie - figurent au nombre des personnes arrêtées.

"Un coup très dur a été infligé à la 'Ndrangheta", a déclaré la ministre italienne de l'Intérieur, Luciana Lamorgese.

Selon le procureur, il s'agit du plus large coup de filet anti-mafia depuis un raid qui a conduit à ce que l'histoire a retenu sous le nom de "maxi-procès" de Palerme, en 1984, au cours duquel plus de 450 membres de Cosa Nostra ont été jugés.

Le maxi-procès coïncide avec le début du lent déclin de Cosa Nostra, qui a laissé un vide dans lequel s'est engouffré la 'Ndrangheta, un groupe composé d'une myriade de clans inféodés à des barons locaux. (Simon Carraud, édité par Jean-Philippe Lefief)