Philippe Santi, comment avez-vous démarré cette année 2024 ?

"Après une excellente année 2023, tant en termes de chiffre d’affaires que de profitabilité, nous sommes parvenus à renouveler le chiffre d’affaires record du premier trimestre 2023, marqué par une croissance de 30%, grâce à de nombreux lancements, notamment sur les parfums Jimmy Choo. Ce début d’année et un carnet de commandes étoffé nous permettent d’envisager sereinement 2024, avec comme objectif de réaliser un chiffre d’affaires de l’ordre de 880 à 900 M€, conjugué à une rentabilité élevée. La préparation des lancements de nouveaux parfums Lacoste a nécessité de rationnaliser un certain nombre de lignes Lacoste ainsi que la fermeture de points de vente, ce qui a été finalisé en 2023. Depuis la reprise de leur exploitation au 1er janvier, les lignes existantes de parfums Lacoste ont réalisé un chiffre d’affaires de près de 19 M€, ce qui constitue un bon démarrage, même s’il faudra attendre le troisième trimestre pour avoir un premier bilan. "

Quelles sont vos ambitions sur la licence Lacoste ?

"Lors de la dernière année d’exploitation par Coty, les ventes sont passées sous la barre des 100 M€, sachant que la marque aurait généré historiquement 200 à 250 M€ de CA sur le parfum. Interparfums vise 60 M€ de CA Lacoste en 2024, avec une offre de fragrances resserrée, appelée à monter en gamme, à se développer en Asie et aux Etats-Unis. Un premier lancement, masculin, est attendu dans les prochaines semaines. Un parfum féminin sera ensuite lancé courant 2025."

Répartition des ventes par zone géographique, au 1er trimestre 2024 (source : présentation société)

La crise sanitaire a généré des perturbations dans la chaine logistique de la parfumerie, ainsi que des tensions sur les prix. Ces phénomènes sont-ils complètement derrière vous ?

"Effectivement, les pénuries de pièces et les hausses de prix ont mis à rude épreuve notre agilité. Cela s’est traduit, malgré la réactivité de nos équipes, par un niveau de stocks un peu trop élevé à la clôture de notre exercice 2023. Nous attendons une normalisation progressive des stocks cette année. S’agissant de l’inflation des intrants, elle nous a contraints à passer deux hausses de prix : 5% en 2022 et 5% en 2023. Cela a permis de maintenir un bon niveau de marge brute. Cependant, compte tenu des phénomènes de latences de ce phénomène inflationniste, nous pourrions connaitre un léger tassement de la marge brute cette année, surtout au 1er semestre. Un rebond de la marge brute devrait néanmoins s’observer sur la seconde partie de l’année 2024."

Quelles sont vos ambitions en termes de marge opérationnelle après l’atteinte d’un niveau record de 20% en 2023 ?

"Ce niveau de 20% est satisfaisant et n’a pas vocation à être dépassé durablement. Interparfums conserve des ambitions de croissance intactes : notre part de marché peut encore significativement progresser. Notre structure de coûts est essentiellement variable et a profité en 2023 de niveaux de ventes au-delà de nos attentes, ce qui a conduit à un écrasement des coûts fixes. Sur le périmètre hors Lacoste, il n’y a pas de raison de ne pas renouveler ce niveau de performance en 2024. Sur Lacoste, conformément à notre modèle historique, il nous faudra quelques années pour atteindre une marge opérationnelle conforme au reste du Groupe. Sachant que cette licence court jusqu’en 2038."

Comment adressez-vous le risque de réintégration des licences par leur propriétaire ?

"La décision claire de Kering d’internaliser l’exploitation de ses marques de parfums n’obéit pas à une tendance sectorielle. Par ailleurs, ce risque est de plus en plus géré dans la mesure où nous avons pris l’habitude de faire le point avec le propriétaire des marques deux à trois ans avant l’échéance des licences. Cela nous permet d’acter en amont un prolongement de quelques années de la licence et donc un maintien voire renfort de l’effort marketing, ou bien de mieux anticiper une éventuelle sortie du portefeuille. Actuellement, outre le questionnement autour de la stratégie de Richemont qui, compte tenu de la prolongation de notre licence Montblanc, se concentre sur la licence Van Cleef & Arpels, la prochaine échéance importante est Coach en 2026. Sur Van Cleef & Arpels, nous espérons obtenir un prolongement de l’accord de licence. Quant à Coach, nous envisageons une discussion constructive avec les propriétaires d’ici la fin de l’année."

(source : société)