Londres (awp/afp) - Trois banques britanniques n'ont pas complètement réussi les tests de résistance de la Banque d'Angleterre (BoE), notamment RBS, mais leur solidité d'ensemble les a dispensées de mesures punitives au moment où le pays plonge dans l'inconnu du Brexit.

La BoE a testé la capacité des sept principales banques du pays à résister à des conditions économiques brutalement adverses. Quatre d'entre elles (HSBC, Lloyds, Nationwide et Santander UK) ont parfaitement réussi cette mise à l'épreuve théorique, mais RBS, Barclays et Standard Chartered ont affiché quelques lacunes, d'après les résultats publiés mercredi.

La méthodologie des tests avait été annoncée en mars dernier, avant la décision des Britanniques de quitter l'UE lors du référendum du 23 juin qui va profondément modifier les conditions économiques et financières du Royaume-Uni.

"Cela va prendre du temps pour clarifier les nouvelles relations du Royaume-Uni avec l'UE et le reste du monde", a prévenu le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, lors d'une conférence de presse.

La Première ministre Theresa May veut lancer avant la fin mars 2017 les négociations de sortie entre Londres et Bruxelles - un divorce qui prendra plusieurs années pour être formalisé et digéré.

A ce sujet, M. Carney a averti qu'il était "dans l'intérêt de l'Union européenne d'organiser une transition ordonnée" de façon à avoir un accès continu aux services financiers fournis par le Royaume-Uni, présenté par le gouverneur comme "le véritable banquier d'investissement pour l'Europe".

Le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem a prévenu mardi qu'il n'imaginait Londres rester le centre financier de l'UE si les Britanniques refusaient de se plier aux règles européennes en matière financière.

"Quelle que soit la nouvelle relation du Royaume-Uni avec l'UE", a jugé quoi qu'il en soit M. Carney, "il faudra une résistance du système financier britannique au moins aussi élevée que celle qui est actuellement à l'oeuvre".

Cette dernière série de tests de résistance a placé la barre plus haut que ses prédécesseurs: les établissements devaient résister à une récession virtuelle de 4,3% et à une dégringolade fictive de 31% des prix immobiliers résidentiels au Royaume-Uni.

Le but était de constater si, dans cette hypothèse très pessimiste, les banques britanniques pourraient continuer de jouer leur rôle de pourvoyeurs de crédit. "Nous ne voulons pas d'une situation où les gens ne pourraient plus emprunter", ce qui aggraverait la spirale négative pour l'économie, a souligné M. Carney, jugeant que le système financier était dans l'ensemble bien plus solide qu'avant la crise financière.

CESSIONS À VENIR CHEZ RBS

Parmi les banques mises à l'épreuve, RBS a été la plus en difficulté et n'est pas toujours parvenue à respecter le plancher requis de fonds propres (CET1).

Au cours des tests, RBS a dû présenter un nouveau plan capitalistique à la BoE qui a accepté ce projet corrigé, tout en martelant qu'elle surveillait de près les progrès de cette banque.

RBS a répondu dans un communiqué distinct qu'elle avait continué de réduire son portefeuille d'actifs risqués au cours de l'année et émis pour 2 milliards de livres de titres financiers pour renforcer son assise.

Au vu de ses échanges avec la BoE, RBS a ajouté qu'elle allait amplifier sa restructuration, qui comprendra de nouvelles réductions de coût, ainsi que d'amples cessions d'actifs risqués et non-stratégiques.

Nationalisée pendant la crise financière au prix d'un investissement d'Etat de plus de 45 milliards de livres, RBS a accumulé depuis quelque 50 milliards de livres de pertes nettes et a nettement réduit la voilure notamment dans son activité internationale de banque d'investissement, supprimant des milliers d'emplois au passage.

Les deux autres établissements, Barclays et Standard Chartered, pointés par la BoE comme ayant quelques lacunes n'ont pas été contraints, eux, de présenter de nouveau plan capitalistique et ont été jugés bons pour le service.

Leurs actions étaient d'ailleurs peu ou prou stables à la Bourse de Londres vers 12H00 GMT, alors que le titre RBS y chutait de 3,15% à 190,80 pence.

afp/jh