PARIS, 2 juillet (Reuters) - Muriel Pénicaud n'est "en aucun cas" fragilisée par les informations sur son implication présumée dans l'organisation d'une coûteuse soirée en janvier 2016 à Las Vegas autour d'Emmanuel Macron par Business France, visé par une enquête préliminaire pour "délit de favoritisme, complicité et recel", a estimé dimanche le ministre de l'Education.

Après des révélations du Canard enchaîné et de Libération, Le Journal du Dimanche affirme que la ministre du Travail, alors directrice générale de Business France, avait été informée dès 2015 des difficultés de financement et risques d'irrégularité liés à la mise sur pied de cette soirée sous la pression, documentée, du cabinet d'Emmanuel Macron, ministre de l'Economie à l'époque.

Le JDD publie notamment un extrait d'un mail de Fabienne Bothy-Chesneau, alors directrice exécutive chargée de la communication et de la promotion à Business France, daté du 11 décembre 2015 dans lequel elle écrit notamment : "Muriel briefée par nos soins, ne fait rien. Donc elle gèrera aussi quand la CdesC (Cour des Comptes-NDLR) demandera des comptes à BF (Business France), ce ne sera pas faute d'avoir dit et redit".

Muriel Pénicaud, qui porte la difficile réforme du Code du travail, a dirigé de janvier 2015 à mai 2017 Business France, un établissement public chargé de la promotion des entreprises françaises à l'étranger.

Selon Le Canard enchaîné, le coût de l'opération de Las Vegas réalisée par Havas pour Business France, sans qu'il y ait eu d'appel d'offres, aurait été de plus de 380.000 euros.

Interrogée mercredi sur RTL, Muriel Pénicaud avait reconnu "une erreur de procédure" et précisé qu'elle avait "immédiatement déclenché un audit interne et externe". Elle avait qualifié de "blague" l'idée qu'elle ait pu étouffer cet audit, comme l'avance Libération.

Le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner a demandé mercredi aux médias de "ne pas chercher à affaiblir" la ministre du Travail, "car nous sommes dans un moment important pour la réforme du travail".

"On voit bien qu'elle est en train de réussir des choses très importantes, même en termes de dialogue social", a abondé dimanche Jean-Michel Blanquer au "Grand Rendez-Vous" Europe 1-Les Echos-CNEWS.

"Comme toujours dans ces cas-là, on cherche des polémiques sur les côtés parce que c'est ainsi dans notre vie démocratique. Ça ne le fragilise en aucun cas. Au contraire, elle est en train de montrer qu'elle est une femme très forte", a ajouté le ministre de l'Education. (Sophie Louet)