* Tollé après le retrait US de l'Accord de Paris

* L'UE et la Chine se disent unies pour appliquer l'accord

* La France veut prendre la tête de la contre-offensive

* L'Allemagne veut sauver "notre mère la Terre"

* La Russie se montre ambiguë

par Thomas Escritt et Philip Blenkinsop

BERLIN/BRUXELLES, 2 juin (Reuters) - La Chine et l'Europe ont promis vendredi de s'unir pour sauver "notre mère la Terre", comme l'a dit Angela Merkel, faisant front commun face à la décision du président Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'Accord de Paris sur le climat.

D'autres grands pays, l'Inde notamment, ont signalé leur volonté de se conformer à l'accord conclu en décembre 2015 et entré en vigueur en novembre dernier.

La Russie, elle, a montré une attitude plus ambiguë.

Tout en déclarant que les Etats-Unis auraient dû rester partie au traité, le président Vladimir Poutine a estimé qu'il fallait s'assurer que sa mise en oeuvre ne créée pas du chômage et une augmentation de la pauvreté.

La Russie est le plus important pays émetteur de gaz à effet de serre à ne pas avoir encore ratifié l'accord. Ses responsables disent avoir besoin de plus de temps pour évaluer ses conséquences économiques.

Le président français, Emmanuel Macron, dans une déclaration jeudi soir en français puis, fait inhabituel, en anglais, a exclu de renégocier le premier accord universel sur le climat.

Détournant le slogan de Donald Trump "Make America Great Again" ("Rendre sa grandeur à l'Amérique"), il en a fait un cri de ralliement global : "Make Our Planet Great Again" ("Rendre sa grandeur à la planète", a-t-il dit.

Pour Donald Tusk, le président du Conseil européen, Donald Trump a fait "une grosse erreur",

Face à cette pluie de critiques, Le vice-président américain, Mike Pence, a déclaré que l'Accord de Paris représentait un "fardeau extraordinaire" pour les Américains.

"C'était un transfert de richesse de la première puissance économique mondiale vers d'autres pays de la planète", a-t-il fait valoir lors d'une interview à la télévision.

Selon une estimation de l'Organisation météorologique mondiale, le retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris pourrait entraîner une hausse des températures mondiales de 0,3 degré Celsius d'ici la fin du siècle dans le pire scénario.

"PRÉSERVER NOTRE CRÉATION"

L'Accord de Paris vise à limiter le réchauffement climatique mondial à deux degrés maximum d'ici 2100, grâce principalement à une réduction des émissions de dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre liés à la combustion des énergies fossiles.

Angela Merkel, qui en principe ne fait jamais allusion à sa foi protestante, a estimé que l'Accord de Paris était nécessaire "pour préserver notre Création".

"A tous ceux pour qui l'avenir de notre planète est important, je dis : continuons sur cette voie afin de réussir pour notre mère la Terre", a déclaré la chancelière, qui est fille de pasteur.

Les relations entre l'Allemagne et les Etats-Unis se sont tendues ces derniers temps, notamment après les réunions de l'Otan et du G7 la semaine dernière. Angela Merkel a déclaré dimanche dernier que l'Europe ne pouvait plus totalement compter sur ses alliés et devait "prendre son destin en main".

A Bruxelles, le sommet Union européenne-Chine entre le Premier ministre chinois, Li Keqiang, et les représentants de l'UE, a été dominé par la décision américaine.

Dans une déclaration commune, Pékin et Bruxelles s'engagent à réduire l'utilisation des énergies fossiles, à développer les technologies vertes et à contribuer au financement d'un fonds annuel de 100 milliards de dollars (près de 90 milliards d'euros) d'ici à 2020 pour aider les pays les plus pauvres à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

La Chine, qui est le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre devant les Etats-Unis, s'est rapprochée de l'UE sur un certain nombre de dossiers, soulignant l'isolement du président américain sur de nombreuses questions.

"PAS DE MARCHE ARRIÈRE"

"Il n'y a pas de marche arrière pour la transition énergétique. On ne peut pas reculer sur l'Accord de Paris", a déclaré le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avant de rencontrer Li Keqiang.

Les scientifiques estiment en majorité que le réchauffement climatique et les brusques variations de la météo qu'il entraîne est principalement le résultat de l'activité humaine.

Un petit groupe de sceptiques, dont certains se trouvent à la Maison blanche, estiment qu'il s'agit d'une intox qui risque de porter tort aux entreprises.

De Facebook à Apple en passant par Ford et Microsoft, des grands groupes ont dénoncé la décision de Donald Trump. Les groupes gaziers et pétroliers, qui ont le plus à gagner de l'abandon du traité, se sont distingués par leur silence.

Jeff Immelt, PDG du conglomérat General Electric, a tweeté : "Le changement climatique est une réalité. L'industrie doit prendre le pas et ne pas dépendre du gouvernement."

Le fondateur du constructeur de voitures électriques Tesla , Elon Musk, et le PDG de Walt Disney, Robert Iger, ont annoncé leur intention de quitter le comité des conseillers de la Maison blanche après la décision de Trump.

Sur le climat, la ligne Bannon s'impose à la Maison blanche (Julie Carriat, Jean-Stéphane Brosse et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Gilles Trequesser)

Valeurs citées dans l'article : Walt Disney Co, General Electric Company, Tesla Inc