Le négociant mondial de matières premières Trafigura Group cessera tout achat de pétrole brut auprès de la société d'État russe Rosneft d'ici le 15 mai, date à laquelle des règles européennes plus strictes sur les ventes de pétrole russe entreront en vigueur, a déclaré mardi un porte-parole de la société.

La société basée à Genève va également "réduire considérablement" le volume de produits raffinés qu'elle achète à Rosneft.

Trafigura, ainsi que son rival Vitol, est un important acheteur de pétrole russe, principalement auprès de Rosneft.

La société et d'autres grandes sociétés de négoce ont précédemment déclaré qu'elles ne feraient qu'honorer les contrats existants et ne concluraient aucun nouvel accord.

On s'attendait déjà à ce que Trafigura et d'autres négociants réduisent leurs importations au cours de la deuxième quinzaine de mai. En vertu des sanctions financières de l'Union européenne contre la Russie, les négociants ne pourront plus acheter de pétrole à Rosneft après le 15 mai, sauf si cela est "strictement nécessaire" pour garantir les besoins énergétiques de l'UE.

Rosneft n'était pas immédiatement disponible pour un commentaire.

La réputation du pétrole russe est devenue de plus en plus toxique depuis l'invasion et de nombreuses entreprises occidentales ont réduit leur exposition.

Depuis l'invasion, les négociants ont commercialisé une plus grande partie de leurs barils russes contractuels auprès d'acheteurs situés en dehors de l'Europe. L'Inde et la Turquie font partie des pays qui ont augmenté leurs importations de ce brut bon marché et indésirable.

Les militants de Greenpeace ont tenté d'arrêter plusieurs livraisons de pétrole russe et ont récemment interrompu un transfert en mer impliquant une cargaison de Trafigura.

L'Union européenne envisage plusieurs options pour réduire les importations de pétrole russe dans le cadre d'éventuelles nouvelles sanctions contre Moscou pour son invasion de l'Ukraine, mais aucune n'a été officiellement proposée. Celles-ci comprennent des paiements sur un compte séquestre, un plafonnement des prix et des tarifs.

Environ la moitié des 4,7 millions de barils par jour (bpj) de brut exportés par la Russie sont destinés à l'UE.

Même sans une interdiction à l'échelle de l'UE, le Kremlin a de plus en plus de mal à vendre son pétrole en raison d'un champ de mines de nouvelles réglementations. Alors que de nombreuses transactions de matières premières sont techniquement légales, des sources bancaires ont déclaré que certaines banques refusent tout simplement de toucher à tout ce qui est d'origine russe.

Pour tenter de compenser l'impact des sanctions, le président Vladimir Poutine a exigé que les acheteurs de son gaz paient la société gazière d'État Gazprom en roubles. Rosneft a fait de même mais n'a pas réussi cette semaine à vendre du pétrole dans le cadre d'un appel d'offres, qui demandait un prépaiement intégral en roubles pour 6,5 millions de tonnes de brut. (Reportage de Julia Payne ; édition de David Goodman et Lisa Shumaker)