* Intensification de l'offensive russe à Louhansk

* Moscou dit contrôler l'usine Azovstal de Marioupol

* La Russie suspend ses livraisons de gaz à la Finlande

* L'armée russe dit avoir détruit des armes occidentales dans la région de Jitomir

par Pavel Polityuk, Terje Solsvik et Tom Balmforth

KYIV/OSLO, 21 mai (Reuters) - La Russie a intensifié samedi son offensive dans la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, et décidé de suspendre ses livraisons de gaz à la Finlande, au risque d'aggraver les tensions avec l'Occident concernant le litige sur le règlement des factures de l'énergie.

Moscou, qui a mis fin à des semaines de résistance des derniers combattants ukrainiens dans la ville stratégique de Marioupol, dans le sud-est du pays, semble désormais mener une importante attaque à Louhansk, l'une des deux provinces du Donbass.

Avant même l'invasion russe du 24 février en Ukraine, les séparatistes prorusses contrôlaient déjà une importante partie de Louhansk et de la province voisine de Donetsk.

La fin des combats à Marioupol, la plus grande ville conquise pour le moment par la Russie, pourrait accélérer la stratégie de Moscou d'un contrôle du Donbass et permettre au président russe, Vladimir Poutine, d'afficher une rare victoire après une série de revers près de trois mois après le début de l'offensive russe.

S'exprimant à la télévision ukrainienne, le président Volodimir Zelensky a déclaré que la fin de la guerre ne passerait que par la diplomatie.

"Pour eux, toutes ces victoires - l'occupation de la Crimée ou du Donbass - sont très provisoires. Et tout cela nous reviendra, puisque c'est notre territoire", a-t-il dit.

CONTRÔLE TOTAL

La prise de Louhansk et de Donetsk permettrait à Moscou de revendiquer le contrôle total de la province et de la placer sous l'autorité de la "république populaire de Louhansk", proclamée par les séparatistes prorusses en 2014 et dont Vladimir Poutine a reconnu l'indépendance juste avant le début de son "opération spéciale" en Ukraine.

Le contrôle total de Marioupol donnerait également à la Russie un accès à la route reliant la péninsule de Crimée, dont Moscou s'est emparé en 2014, à la Russie continentale et aux régions de l'est de l'Ukraine détenues par des séparatistes pro-russes.

Le gouverneur ukrainien de Louhansk, Serhiy Gaïdaï, a déclaré samedi dans un message publié sur les réseaux sociaux que la Russie cherchait à détruire la ville de Sievierodonetsk, un des derniers bastions tenu par les forces ukrainiennes dans cette province.

"Les bombardements se poursuivent du matin au soir et également tout au long de la nuit", raconte-t-il dans une vidéo diffusée sur Telegram.

La Russie tente, depuis qu'elle a acté l'échec de son offensive contre Kyiv, mi-avril, de s'emparer de Sievierodonetsk et de sa soeur jumelle, Lychtchansk, sur l'autre rive de la rivière Siverskiy Donets.

LITIGE SUR LE GAZ

Le géant russe de l'énergie Gazprom a déclaré samedi avoir interrompu ses exportations de gaz vers la Finlande, le pays ayant refusé d'accéder à la demande de Moscou d'un règlement en roubles en représailles aux sanctions occidentales imposées à la suite de l'invasion de l'Ukraine.

Gazprom avait prévenu dès vendredi la Finlande qu'il allait cesser de lui fournir du gaz naturel à compter de samedi matin, mais Gasum, la société publique finlandaise chargée de l'importation et de la vente de gaz, le gouvernement d'Helsinki et les entreprises du pays avaient répondu être prêts à se passer des hydrocarbures russes.

Moscou a également coupé le gaz à la Bulgarie et à la Pologne le mois dernier, deux pays ayant également refusé de se conformer aux nouvelles conditions de paiement de la Russie alors que la plupart des contrats d'approvisionnement européens sont libellés en euros ou en dollars.

La décision de Moscou sur le gaz intervient alors que Finlande et la Suède ont demandé d'adhérer à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (Otan), une demande motivée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février.

Outre les sanctions économiques à l'encontre de la Russie, les pays occidentaux ont également intensifié leurs livraisons d'armes à l'Ukraine.

Le président américain Joe Biden a par ailleurs promulgué samedi une loi visant à fournir une aide de près de 40 milliards de dollars des Etats-Unis à l'Ukraine.

DES ARMES OCCIDENTALES DÉTRUITES?

Depuis le début de l'offensive russe en Ukraine, des milliers de personnes ont été tuées, des villes détruites, et près d'un tiers des Ukrainiens ont quitté leur domicile, dont plus de six millions à l'étranger.

L'armée russe a déclaré samedi avoir détruit une importante cargaison d'armes occidentales dans la région ukrainienne de Jitomir, à l'ouest de Kiev, à l'aide de missiles de croisière Kalibr lancés depuis la mer. Reuters n'a pas pu vérifier de manière indépendante cette affirmation.

Le ministère russe de la Défense a par ailleurs affirmé vendredi que ses forces contrôlaient totalement l'usine Azovstal de Marioupol après la reddition des derniers combattants ukrainiens, évalués par Moscou à 2.439.

Samedi, le président Volodimir Zelensky a déclaré que l'armée ukrainienne avait autorisé ces combattants à s'enfuir et à sauver leur vie. Les chiffres du ministère russe n'ont pas pu être confirmés dans l'immédiat et on ignore le sort réservé aux derniers combattants. (Reportage Natalia Zinets, Max Hunder, Tom Balmforth à Kyiv et bureaux de Reuters, rédigé par Madeline Chambers, Patricia Zengerle et Richard Pullin; version française Claude Chendjou)