WASHINGTON, 3 janvier (Reuters) - Bien avant de s'exprimer vendredi à la télévision et sur Twitter pour justifier l'assassinat ciblé de Qassem Soleimani, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo avait fait du général iranien une cible privilégiée.

En 2015, alors qu'il n'était encore qu'un élu du Kansas prônant un changement de régime à Téhéran, pendant que l'administration de Barack Obama négociait l'accord nucléaire de Vienne, il avait accusé Soleimani d'avoir "sur les mains le sang de centaines de militaires américains".

Donald Trump a réitéré cette accusation vendredi, parlant même de milliers de morts américains.

Devenu directeur de la CIA sous la présidence du milliardaire new-yorkais en juillet 2017, Mike Pompeo avait ajouté: "Les types à l'origine des troubles - Qassem Soleimani et son gang - n'ont pas été élus. Ce sont eux que nous nous employons avec acharnement à empêcher de continuer à utiliser leurs capacités et leur puissance."

La même année, le futur secrétaire d'Etat avait adressé une lettre de mise en garde à Soleimani et d'autres dirigeants iraniens à propos de menaces croissantes contre les Américains en Irak, les prévenant qu'ils seraient "tenus pour responsables de toute attaque contre les intérêts américains en Irak par des forces placées sous leur contrôle". "Nous voulions nous assurer que lui et les dirigeants d'Iran nous comprenaient de manière parfaitement claire", expliquera-t-il alors devant le Reagan National Defense Forum, en Californie.

Après avoir appris par les médias iraniens que Soleimani avait refusé d'ouvrir la lettre, il avait ajouté: "Cela ne m'a pas brisé le coeur pour être honnête avec vous."

Promu en 2018 par Donald Trump à la tête du département d'Etat en prônant une politique beaucoup plus agressive à l'encontre de l'Iran que ses prédécesseurs, Mike Pompeo a multiplié les références à Soleimani dans ses discours et interviews et pressé en faveur de la politique de "pression maximale" et du rétablissement de lourdes sanctions économiques contre Téhéran après le retrait américain de l'accord nucléaire.

Interrogé vendredi par Fox News et CNN, Mike Pompeo a déclaré que la mort du général Soleimani à Bagdad visait à prévenir une "attaque imminente" qui aurait mis en danger la vie de "dizaines voire de centaines d'Américains" au Moyen-Orient. (David Brunnstrom, Daphne Psaledakis, version française Jean-Stéphane Brosse)