WASHINGTON, 2 septembre (Reuters) - Les démocrates ont reproché dimanche à l'administration Trump de refuser de leur permettre de consulter des milliers de documents sur Brett Kavanaugh, avant la tenue de ses audiences de confirmation au Sénat pour un poste de juge de la Cour suprême.

Kavanaugh, magistrat catholique et figure du camp conservateur, a été choisi par Donald Trump pour siéger à la Cour suprême, après le départ à la retraite du juge Anthony Kennedy, âgé de 81 ans, le 9 juillet dernier.

Brett Kavanaugh, qui a 53 ans, a travaillé à la Maison blanche sous l'ancien président républicain George W. Bush, dont les avocats ont passé les documents au peigne fin à partir de cette époque et décidé que 27.000 d'entre eux seraient protégés par le "privilège constitutionnel".

La Maison blanche leur a demandé de ne pas les remettre à la Commission des affaires judiciaires du Sénat, a dit l'un des avocats de Bush dans une lettre au président de cette commission, devant laquelle vont se passer les auditions à compter de mardi.

Cent deux mille autres pages documents concernant Brett Kavanaugh n'ont pas été remises, pour d'autres raisons. La commission a eu accès à plus de 415.000 pages sur le candidat à la Cour suprême, a dit l'avocat dans sa lettre.

Dick Durbin, le numéro deux des démocrates au Sénat, a pointé du doigt, dans une interview diffusée dimanche sur Fox News, la difficulté à obtenir les documents demandés.

"Il y a eu plus de dissimulation de documents concernant ses états de service et ses prises de position qu'à aucun autre moment dans l'histoire des Etats-Unis(...). S'il est fier de ses positions conservatrices, montrez-nous les archives!", s'est insurgé Durbin.

Brett Kavanaugh doit remporter la majorité des voix au Sénat pour que sa nomination par Donald Trump soit entérinée. La majeure partie des républicains, qui contrôlent une très étroite majorité au Sénat, devraient lui apporter leurs suffrages.

Brett Kavanaugh est une personnalité bien connue à Washington. Il a été partie prenante dans certaines des plus grandes controverses des deux dernières décennies.

Il a ainsi aidé à enquêter sur l'ancien président démocrate Bill Clinton dans les années 1990 en travaillant pour le procureur indépendant Kenneth Starr dans l'affaire du Monicagate.

Il a fait partie de l'équipe républicaine de George W. Bush dans l'épineuse affaire du recomptage des voix en Floride lors de l'élection présidentielle de 2000. Il a ensuite servi comme haut responsable à la Maison blanche sous George W. Bush.

Sa nomination, si elle est confirmée, ne changera pas l'orientation idéologique de la Cour suprême, dont cinq des neuf juges sont déjà de sensibilité conservatrice.

Mais il pourrait faire pencher l'institution encore un peu plus vers la droite. Alors qu'Antony Kennedy rejoignait parfois les juges "progressistes" lors de la prise de décisions sur les questions sociales comme l'avortement et les droits des homosexuels. Il n'est pas sûr que son remplaçant fasse de même. (Makini Brice; Eric Faye pour le service français)