par Harry Papachristou

Conformément aux conditions du prêt de 110 milliards d'euros que le FMI et l'Union européenne ont accordé à Athènes, le gouvernement formé en octobre par le chef de file du Parti socialiste (Pasok) a dû revoir les impôts à la hausse et amputer sévèrement les revenus et les retraites pour combler un déficit abyssal.

"Nous luttons pour la survie de la Grèce. Soit nous gagnons ensemble, soit nous sombrons ensemble", a-t-il affirmé samedi dans ce discours prononcé à Thessalonique.

Vingt mille manifestants ont défilé à travers cette ville du Nord pour dénoncer les mesures d'austérité. Quelques centaines de jeunes ont rompu les rangs pour provoquer les forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène pour les repousser. Les heurts n'ont toutefois duré que quelques minutes.

Le gouvernement, a poursuivi Georges Papandréou, entend poursuivre sur la voie des réformes et de l'ouverture de marchés comme ceux de l'électricité et des transports de marchandises. Il compte également réformer les entreprises publiques déficitaires telles que la compagnie des chemins de fer.

"J'invite toutes les forces productives du pays à nous rejoindre, à soutenir ce grand changement", a-t-il plaidé.

Répondant aux appels d'un secteur privé confronté à une récession qui s'aggrave, le chef du gouvernement a annoncé une accélération de la baisse de l'impôt sur les bénéfices des entreprises, qui passera de 24 à 20% en 2011, trois ans plus tôt que prévu.

LE PASOK TOUJOURS EN TÊTE DES SONDAGES

Craignant de mettre en péril le versement de la deuxième tranche du prêt de 110 milliards d'euros, il s'est en revanche refusé à toute concession envers les contribuables, qui ont manifesté à plusieurs reprises, parfois violement, contre son plan d'austérité.

"Nous sommes encore au début de notre effort. Je ne veux pas faire de grandes promesses, mais je comprends les difficultés des retraités dans le besoin. Je vais demander au ministre des Finances de faire de son mieux en fonction de l'évolution des recettes", a-t-il expliqué.

Malgré le mécontentement suscité par la lutte contre le déficit, le Pasok continue de jouir d'une confortable avance sur les conservateurs de la Nouvelle démocratie (ND), à en croire un sondage publié par le journal dominical Vima.

Selon cette enquête de l'institut Kappa réalisée après un remaniement gouvernemental, les socialistes recueilleraient 29,1% des voix et les conservateurs 21,3% si des élections législatives avaient lieu maintenant. Ces scores sont globalement équivalents à ceux des sondages publiés en août.

Après l'alternance d'octobre, le nouveau gouvernement a dû réviser en nette hausse ses prévisions en matière de déficits et d'endettement, déclenchant une crise de confiance sur les marchés du crédit qui a mené le pays au bord du défaut de paiement.

Un an après, les réalités statistiques n'incitent pas à l'optimisme: le PIB grec devrait reculer de 4% cette année et le chômage a atteint en juillet 11,6% de la population active, contre 8,6% un an plus tôt.

Signe des difficultés encore à venir, la chaîne de supermarchés allemande Aldi et la Fnac, le distributeur français de produits culturels, ont annoncé le mois dernier qu'ils allaient se retirer du marché grec.

Dina Kyriakidou, Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief pour le service français