(Actualisé avec réactions Maison blanche et Paul Ryan §9-11)

WASHINGTON, 12 décembre (Reuters) - Le président élu américain Donald Trump a de nouveau remis en cause, lundi, les rapports des services de renseignement américains faisant état d'une intervention de la Russie dans la présidentielle au détriment de sa rivale Hillary Clinton.

Le milliardaire new-yorkais a diffusé deux messages sur son compte Twitter dans lesquels il laisse entendre que la politique a pu jouer un rôle dans ces accusations contre Moscou.

"Imaginez si les résultats de l'élection avaient été l'inverse et que NOUS avions essayé de jouer la carte Russie/CIA. On aurait appelé ça la théorie du complot!" a écrit Trump.

"A moins d'attraper les 'hackers' en flagrant délit, il est très difficile de déterminer qui exerce le piratage. Pourquoi n'en a-t-on pas parlé avant l'élection?" a-t-il dit dans un deuxième tweet.

Donald Trump semble oublier que le gouvernement américain a formellement accusé la Russie d'ingérence dans la campagne électorale plus d'un mois avant le scrutin du 8 novembre.

Le chef du groupe républicain au Sénat, Mitch McConnell, a ajouté sa voix, lundi, aux appels en faveur d'une coopération des démocrates et des républicains sur l'intervention présumée de la Russie dans la présidentielle.

"Toute violation de notre cybersécurité par l'étranger est inquiétante, et je condamne avec force de telles menées", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. "Ce genre de question ne doit pas être traitée par un seul parti."

Les sénateurs aussi bien démocrates que républicains ont fait savoir qu'ils coopéreraient aux enquêtes sur le rôle éventuel de Moscou dans le scrutin du 8 novembre.

MCCONNELL A CONFIANCE EN LA CIA

La Maison blanche a exprimé son soutien à l'examen par le Congrès des ingérences russes dans la campagne électorale, précisant que les agences de renseignement avaient collaboré étroitement avec les parlementaires des deux camps.

De son côté, le président de la Chambre des représentants Paul Ryan a dit soutenir l'initiative de la Commission du renseignement d'examen des menaces que le piratage par des gouvernements étrangers faisait peser sur le processus démocratique américain.

Il a toutefois jugé que cela ne devait pas faire planer de doutes sur la victoire de Donald Trump.

Cette rare démonstration d'union entre les élus des deux grands partis contraste avec les propos tenus dimanche par le président élu, qui a jugé "ridicules" les informations selon lesquelles la Russie se serait ingérée dans l'élection présidentielle dans le but de l'aider à accéder à la Maison blanche.

A rebours des déclarations de Trump, Mitch McConnell a dit lundi avoir la plus entière confiance dans les conclusions des agences américaines de renseignement, notamment de la CIA.

Citant des responsables américains au fait de l'affaire, le Washington Post a écrit vendredi que les agences du renseignement avaient identifié des individus liés au gouvernement russe responsables du piratage de milliers de courriels du Comité national démocrate et du président de campagne d'Hillary Clinton, John Podesta.

Ces courriels auraient ensuite été envoyés à l'organisation WikiLeaks, qui les a publiés pendant la campagne.

Les pirates informatiques russes sont décrits comme des personnes connues des services de renseignement et membres d'une vaste opération destinée à réduire les chances d'élection de Hillary Clinton et favoriser Donald Trump le 8 novembre.

Les dénégations de Trump pourraient le mettre en porte-à-faux avec les agences de renseignement américaines. D'autant que les interrogations sur la proximité de la future administration avec Moscou ont été renforcées par l'hypothèse de la désignation au secrétariat d'Etat du PDG d'Exxon Mobil, Rex Tillerson, réputé proche de Vladimir Poutine et opposant déclaré aux sanctions contre la Russie. (Susan Heavey, Doina Chiacu, Patricia Zengerle; Jean-Stéphane Brosse et Eric Faye pour le service français)