(Actualisé avec précisions, Puzder)

par Susan Cornwell et David Lawder

WASHINGTON, 31 janvier (Reuters) - Alors que Donald Trump a employé les premiers jours de son mandat à signer une série de décrets conformes à ses promesses de campagne, la nouvelle administration américaine n'est toujours pas en place, ralentie par la procédure de validation devant le Sénat des Etats-Unis.

Les premiers textes signés par le président américain, en particulier celui sur l'interdiction temporaire de territoire pour les réfugiés et les citoyens de sept pays musulmans, ont suscité des critiques de la communauté internationale, provoqué des manifestations dans plusieurs villes et déclenché la rébellion d'une partie des magistrats.

Cette opposition publique masque des enjeux tout aussi importants qui se jouent dans les coulisses du Sénat et retardent l'installation de la nouvelle administration américaine.

Dix jours après sa prestation de serment, Donald Trump ne dispose pas d'un gouvernement constitué et préside avec un cercle restreint de conseillers au risque de provoquer la confusion, comme cela fut le cas le week-end dernier avec son décret sur les ressortissants de sept pays musulmans.

En l'état de la procédure parlementaire, seuls le secrétaire à la Défense, James Mattis, le patron du département de la Sécurité intérieure, John Kelly, le directeur de la CIA, Mike Pompeo, l'ambassadrice à l'Onu, Nikki Haley, et la secrétaire aux Transports Elaine Chao ont été confirmés dans leurs nouvelles fonctions par les sénateurs.

Le retard pris dans les désignations est inhabituel, les confirmations intervenant en général dans les jours suivant la prestation de serment du nouveau chef de l'Etat américain qui a toujours lieu un 20 janvier.

OPPOSITION DÉMOCRATE

Les sénateurs démocrates ont ainsi décidé de ne pas participer mardi aux auditions des commissions sénatoriales visant à confirmer les candidatures de Steven Mnuchin comme secrétaire au Trésor et de Tom Price comme secrétaire à la Santé, bloquant de fait la procédure - il faut qu'au moins un élu démocrate soit présent.

Les démocrates réclament des explications sur un possible délit d'initié visant Tom Price dans l'achat de titres d'une entreprise australienne spécialisée dans le domaine médical. Le Wall Street Journal a révélé l'information qui va à l'encontre des déclarations faites par Price précédemment.

Les sénateurs demandent également des précisions sur la responsabilité de la banque OneWest de Mnuchin dans une procédure automatisée de signature (robo-signing) pour des assignations en saisie immobilière et en hypothèque qui peuvent se révéler en infraction avec les procédures notariales.

Cette pratique du robo-signing est contestée en raison de sa rapidité qui empêche une vérification de l'authenticité des informations données.

Le journal Columbus Dispatch fait état de documents montrant que OneWest a eu recours à ces procédures automatisées alors que Price a formellement nié leur existence devant la commission sénatoriale. Aucune date n'a été fournie pour un vote de la commission.

Le blocage prévaut également pour Andrew Puzder, pressenti pour prendre le secrétariat au Travail. La commission chargée d'évaluer sa candidature n'a pas reçu son dossier de la part de l'Office of Government Ethics, le service chargé de veiller à la bonne moralité du personnel politique.

Son audition devrait avoir lieu le 7 février. Puzder, patron de la chaîne de restauration rapide CKE qui s'est opposé au relèvement du salaire minimum à 15 dollars par heure, est l'objet d'une vive opposition des démocrates.

Concernant la confirmation de Rex Tillerson au poste de secrétaire d'Etat, la procédure en vue d'une confirmation qui a déjà mobilisé 30 heures de débat devrait aboutir à un vote définitif mercredi matin.

Tillerson, ancien patron d'Exxon Mobil, entretient des liens étroits avec la Russie via la filiale russe de son ex-entreprise Exxon Neftegas, dont il fut directeur en 1998.

Dans cette lente procédure, la commission sénatoriale à l'Energie a apporté mardi un large soutien (16 voix contre sept) à Rick Perry, ancien gouverneur du Texas, pour le poste de secrétaire à l'Energie. La même commission a approuvé la candidature de Ryan Zinke au poste de secrétaire à l'Intérieur (16 voix contre six).

Betsy DeVos a été approuvée elle par la commission de l'Education.

Tous trois doivent maintenant obtenir l'approbation de l'ensemble du Sénat. (Avec Timothy Gardner et Patricia Zengerle; Pierre Sérisier pour le service français)