Stockholm (awp/afp) - Le géant suédois des télécoms Ericsson a annoncé jeudi être visé par une enquête du gendarme boursier américain concernant des soupçons de corruption en Irak, qui l'expose déjà à de nouvelles amendes de la justice américaine.

L'autorité de régulation des marchés financiers américains, la SEC, a informé Ericsson "de l'ouverture d'une enquête concernant les faits décrits dans le rapport de l'entreprise sur l'Irak en 2019", a indiqué le groupe suédois dans un communiqué.

"Il est trop tôt pour déterminer ou prédire l'issue de cette enquête, mais Ericsson coopère pleinement avec la SEC", écrit-il.

Ericsson ne donne pas plus de détails sur le fond de l'enquête du gendarme boursier, mais plusieurs actionnaires du groupe suédois lui ont reproché d'avoir manqué de transparence vis-à-vis des marchés.

Au début de l'année, la révélation de cette affaire de corruption en Irak avait entraîné une chute brutale de l'ordre de 30% du cours de Bourse du fleuron suédois, sans remontée depuis.

Mi-avril, Ericsson avait jugé "probables" de nouvelles amendes prononcées par le ministère américain de la Justice, dont la compétence universelle dans de nombreux domaines lui permet des poursuites contre nombre de groupes étrangers.

L'affaire avait éclaté en février en amont de la publication d'une vaste enquête de presse coordonnée par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ).

Celle-ci a contraint Ericsson à rendre publiques les conclusions d'une enquête interne datant de 2019, identifiant des faits de possible corruption dans les activités irakiennes du groupe au cours des huit années précédentes.

L'enquête interne évoque notamment des versements suspects pour du transport routier dans des zones contrôlées par l'organisation État islamique, suspectés d'avoir fini dans les poches du groupe jihadiste lorsqu'il contrôlait une partie du territoire irakien.

Fin avril, la justice suédoise avait également annoncé l'ouverture d'une enquête sur de possibles faits de corruption, notamment l'éventuel versement de pots de vin à des membres de l'État islamique en Irak.

Cette affaire inquiète les investisseurs car Ericsson a un passif en la matière.

En décembre 2019, le groupe avait déjà payé un milliard de dollars à la justice américaine pour clore des poursuites de corruption dans cinq autres pays (Djibouti, Chine, Vietnam, Indonésie et Koweït), dans le cadre d'un accord transactionnel ("Deferred prosecution agreement").

afp/jh