Avec un bénéfice inférieur à toutes les prévisions d'une enquête Reuters, l'action Ericsson a chuté mercredi matin, perdant 12,4% à 60 couronnes. Son concurrent Alcatel-Lucent cédait 10%.

"Difficile de trouver quoi que ce soit de positif", dit Robert Jakobsen, analyste de Jyske Bank. "L'entreprise avait laissé entendre qu'il y aurait un ralentissement mais c'est bien pire que prévu".

Les opérateurs télécoms ont investi massivement une bonne partie de l'année dernière pour mettre à niveau des réseaux confrontés à l'afflux des données des smartphones et autres tablettes et un certain ralentissement était attendu, surtout aux Etats-Unis.

Le premier équipementier mondial des réseaux mobiles observe que les opérateurs sont devenus de plus en plus circonspects au quatrième trimestre, en raison d'un environnement économique généralement dégradé dont a pâti son importante division réseaux, qui a vu son chiffre d'affaires diminuer de 9% durant cette période.

Cette évolution était particulièrement notable aux USA et en Russie et Ericsson a dû également compter avec un affaiblissement des marges en Europe.

"Nous pensons que les opérateurs resteront prudents vis-à-vis des dépenses à court terme, attestant d'éléments tels que l'incertitude macroéconomique et politique", a déclaré le directeur général Hans Vestberg. "Nous poursuivrons notre stratégie ce qui implique que notre mix produits, avec plus de projets de couverture et de modernisation de réseaux et que de projets de capacité, s'imposera à court terme".

LA PDM PLUTOT QUE LA MARGE

Ericsson s'engage dans des projets à marge réduite pour gagner des parts de marché et espère que ce choix s'avèrera payant lorsque la prochaine vague de mises à niveau des réseaux se présentera.

Pour John Strand (Strand Consult), c'est la bonne stratégie dans un marché qui ressemble de plus en plus à la zone euro en période de crise de la dette. "La question c'est: 'qui joue le rôle de la Grèce, de l'Espagne, du Portugal et de l'Italie? Alcatel-Lucent et Nokia Siemens Networks sont les deux candidats. Aucun des deux n'est la Grèce mais tous deux vivent une mauvaise situation dans un marché rude".

Nokia Siemens Networks publiera ses comptes jeudi. Cette coentreprise, tout comme Alcatel-Lucent, souffre de la concurrence imposée par les nouveaux venus que sont les chinois Huawei et ZTE, lesquels cassent les prix.

Le bénéfice d'Ericsson avant intérêts, impôt et coentreprises déficitaires, mais charges de restructuration incluses, ressort à 4,1 milliards de couronnes suédoises (466 millions d'euros), alors que le consensus Reuters donnait 7,4 milliards, les prévisions variant de 5,8 à 9,4 milliards.

Le chiffre d'affaires ressort à 63,7 milliards de couronnes, pour un consensus de 67,2 milliards.

La marge brute s'établit à 30,2% (consensus: 33,7%), tandis que le dividende de 2011 est de 2,50 couronnes par action (consensus: 2,38 couronnes).

Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Catherine Monin

par Simon Johnson