* Un employé de GDF-Suez et sa famille

* Un groupe nigérian soupçonné

* Les Français invités à la prudence (Détails, TV camerounaise § 7-8)

par Bate Felix et Jean-Baptiste Vey

DAKAR/ATHENES, 19 février (Reuters) - Sept touristes français d'une même famille, trois adultes et quatre enfants, ont été enlevés par un "groupe terroriste" nigérian présumé mardi matin lors d'une excursion dans le nord du Cameroun, près de la frontière avec le Nigeria.

A Paris, le groupe GDF-Suez a fait savoir qu'il s'agissait d'un de ses collaborateurs, expatrié à Yaoundé, capitale du Cameroun, et de sa famille.

François Hollande a précisé en marge d'une visite en Grèce qu'ils avaient été enlevés "par un groupe terroriste que nous connaissons et qui est au Nigeria".

"Nous ferons tout pour les faire libérer, j'espère dans les prochains jours", a-t-il ajouté.

Sept otages français étaient déjà détenus au Sahel et un autre au Nigeria par des groupes islamistes.

L'enlèvement a eu lieu vers 07h00 du matin (06h00 GMT) dans un petit village à une dizaine de kilomètres de la frontière nigériane, près du parc national de Waza et du lac Tchad, une région touristique prisée des étrangers.

Selon Radio France Internationale (RFI), les Français - les deux parents, deux garçons, deux filles et un autre membre de la famille - ont été enlevés par des hommes armés de Kalakchnikov circulant à moto puis conduits en territoire nigérian. Le véhicule de la famille a été ensuite retrouvé abandonné.

Selon la télévision nationale camerounaise, qui cite des témoins sur place, les trois adultes ont été séparés des enfants. L'armée camerounaise a déployé des soldats dans la région.

Ces rapts surviennent alors que l'armée française intervient depuis plus d'un mois contre des groupes armés islamistes dans le nord du Mali. C'est la première fois que des étrangers sont enlevés dans le nord du Cameroun.

"La plus grande probabilité, c'est qu'ils soient emmenés au Nigeria", a dit François Hollande. "Donc nous faisons tout pour éviter qu'ils soient retenus dans ce pays."

Le président français a refusé d'établir un lien entre l'intervention française au Mali et cet enlèvement.

"Je vois surtout l'implantation d'un groupe terroriste, Boko Haram en l'occurrence, dans cette partie-là du Cameroun, et c'est suffisamment inquiétant pour nous mobiliser", a-t-il dit.

"VIGILANCE"

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a aussi insisté sur la piste nigériane.

"Tout nous permet de penser que c'est probablement cette secte, Boko Haram", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Paris avec le Premier ministre malien Diango Cissoko.

Le nord-est du Nigeria, frontalier du Cameroun, est un bastion de la secte islamiste Boko Haram. Ce groupe, responsable de nombreuses attaques et attentats, a pris les armes pour tenter d'imposer la "charia" (loi coranique) dans la moitié nord du pays le plus peuplé d'Afrique qui compte approximativement autant de musulmans que de chrétiens.

La région est également la proie de bandes criminelles qui profitent de l'insécurité provoquée par l'insurrection islamiste pour se livrer à des attaques à main armée.

François Hollande a exhorté les ressortissants français présents dans la région à la prudence.

"Nous appelons à une grande vigilance de la part des entreprises, de la part de nos ressortissants, pour qu'ils ne prennent aucun risque inutile", a-t-il déclaré.

A Paris, le ministère des Affaires étrangères a "formellement déconseillé" aux Français d'aller dans l'extrême-Nord du Cameroun, des rives du Lac Tchad au Sud de Maroua, et à la frontière avec le Nigeria, "jusqu'à nouvel ordre".

"Les ressortissants français qui se trouveraient actuellement à l'extrême-nord du pays doivent impérativement se mettre en lieu sûr et quitter la zone au plus vite", a fait savoir le Quai d'Orsay.

GDF-Suez développe un projet de liquéfaction de gaz naturel dans le sud du Cameroun.

Interrogé sur l'éventuel rapatriement de personnels, un porte-parole du groupe a dit à Reuters que la sécurité était "la première priorité pour GDF".

Mais dans le sud, "Yaoundé n'est pas situé dans une zone considérée à risques", a-t-il ajouté. (Avec John Irish, Marion Douet et Emmanuel Jarry, édité par Pascal Liétout)