Cycliques s’il en est, les valeurs du secteur de la chimie souffrent dès que la demande des industries automobiles, de la construction et du textile fléchit et pire encore lorsqu’elle s’effondre. Rhodia a emboîté le pas aux grands du secteur en publiant un avertissement sur ses résultats annuels. Depuis plusieurs semaines, les annulations de commandes se succèdent contraignant le groupe à réviser ses objectifs de résultats pour 2008 et de bénéfice net par action. Dans un communiqué jargonneux au possible, Rhodia, indique que son EBITDA récurrent ( earnings before interests, taxes, depreciation and amortisation) ou excédent brut d’exploitation, baissera de 10% par rapport à l’exercice 2007, où il s’est élevé à 799 millions d’euros. Le PDG du groupe, Jean-Pierre Clamadieu a toutefois souligné qu’il mettait tout en œuvre pour garantir un « free cash flow » positif. Une précision qui a son importance pour les créanciers et les actionnaires de Rhodia. Le « free cash flow » ou flux de trésorerie disponible après impôts, permet de rembourser la dette, les intérêts et de verser un dividende. En termes plus accessibles que ceux du communiqué, on peut retenir que le bénéfice de Rhodia sera en diminution mais que ses créanciers et ses actionnaires seront servis.

Le ton des dirigeants de Rhodia a donc nettement changé depuis un mois. Le 6 novembre dernier lors de la présentation des résultats du troisième trimestre, Jean-Pierre Clamadieu se félicitait de la capacité du groupe à augmenter ses prix et de pouvoir compenser la hausse des prix des matières premières et de l’énergie. Et de confirmer les objectifs 2008 du groupe. L’avenir semblait donc radieux dans un environnement déjà fort déprimé. Mais à regarder de plus près les résultats du groupe au troisième trimestre, tout n’était pas si rose. Certes le chiffre d’affaires a légèrement progressé à 1,22 milliard d’euros contre 1,18 milliard au troisième trimestre 2007 mais le résultat opérationnel était en baisse à 87 millions contre 105 millions un an plus tôt. Quant au résultat net, qui est passé de 44 millions au troisième trimestre 2007 à 56 millions, il a été dopé par une plus value de cession de 34 millions d’euros. Il n’y avait donc pas de quoi se réjouir outre-mesure.

Désormais Rhodia reconnaît être affecté par le retournement du marché. Le titre a chuté en bourse de plus de 80% depuis le début de l’année, la capitalisation de l’entreprise étant inférieure à 450 millions d’euros. Elle rejoint les grands du secteur qui ont déjà revu en baisse leurs performances 2008 et réduit leur capacité de production en attendant des jours meilleurs. Le leader mondial BASF a refusé de se prononcer sur 2009, alors que le géant américain Dow Chemical poursuit une cure d’amaigrissement en annonçant la suppression de 5000 emplois, soit 11% de ses effectifs. Tant que les frémissements de reprise ne se feront pas sentir le secteur de la chimie sera malmené.

Dominique Mariette