* Le groupe accuse une dette de E4,14mds

* C'était le dernier fabricant nippon de mémoires DRAM

* Les discussions en vue de son sauvetage ont échoué (Actualisé avec détails, commentaires d'analystes)

par Nobuhiro Kubo et Mayumi Negishi

TOKYO, 27 février (Reuters) - Elpida Memory a annoncé lundi déposer le bilan pour se mettre à l'abri de ses créanciers, croulant sous une dette de 448 milliards de yens (4,14 milliards d'euros).

Le groupe a reconnu l'échec des discussions menées aussi bien avec ses créanciers locaux qu'avec d'éventuels partenaires étrangers. La Bourse de Tokyo a dit dans la foulée que le titre Elpida serait rayé de la cote le 28 mars.

Elpida était le dernier groupe japonais présent dans les mémoires DRAM (dynamic random-access memory). Jamais un industriel nippon n'avait affiché un tel endettement lors de son dépôt de bilan, d'après les données du cabinet Shoko Research.

Le groupe doit faire face à 92 milliards de yens (847 millions d'euros) d'échéances de dette sur les deux prochains mois.

Elpida, né il y a plus de dix ans de la fusion de plusieurs gros fabricants japonais de puces mémoire alors en difficulté, a lourdement pâti de la chute des prix des produits provoquée par l'engouement des consommateurs pour la tablette iPad d'Apple , appareil beaucoup moins dépendant des puces DRAM que les ordinateurs personnels classiques.

Le groupe a également beaucoup investi ces derniers temps pour tenter de ne pas se laisser distancer par les sud-coréens Samsung Electronics et Hynix Semiconductor , alors que la vigueur du yen plombait sa compétitivité au niveau mondial.

Elpida était le troisième fabricant mondial de mémoires DRAM sur le trimestre de juillet à septembre, avec une part de marché de 12%, contre 22% pour Hynix et 45% pour Samsung, d'après les données du cabinet iSuppli.

Les créanciers d'Elpida avaient accepté d'attendre jusqu'à la fin du mois pour que le groupe présente un plan de redressement, avaient dit à Reuters des sources proches du dossier.

DAVANTAGE DE PARTS DE MARCHE POUR LES SUD-COREENS

Fin janvier, la presse japonaise rapportait qu'Elpida était entré en négociations en vue d'une fusion avec l'américain Micron Technology et le taiwanais Nanya Technology afin de consolider son bilan. (voir )

Mais le décès brutal du PDG de Micron dans un accident d'avion a semé le doute sur un tel accord.

L'action Elpida a chuté il y a deux semaines à un plus bas historique de 294 yens, le groupe ayant averti qu'il pourrait ne plus être en mesure de poursuivre ses activités.

Le titre s'est depuis ressaisi et a terminé lundi en hausse de 0,6% à 334 yens.

"Elpida pourrait utiliser son dépôt de bilan pour obtenir une protection et se donner le temps de résoudre son problème d'endettement", commente Joyce Yang, directrice générale d'Eureka International, une société de recherche spécialisée dans le secteur des semiconducteurs.

D'autres analystes se montrent moins optimistes quant à l'avenir du groupe nippon.

"La protection de la loi sur les faillites ne veut pas dire qu'Elpida arrêtera immédiatement de fabriquer des puces, mais le groupe rétrécit et ses clients majeurs vont le délaisser pour se tourner vers les sociétés sud-coréennes, ce qui sous-entend plus de parts de marché pour ces dernières", estime Lee Seung-woo, analyste pour Shinyoung Securities à Séoul. (Natalie Huet pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)