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(Easybourse.com) Au premier semestre 2008, votre groupe a réalisé un chiffre d'affaires en repli de 17% par rapport à l'an dernier, un résultat net en repli de 70% à 0,8 million d'euros et dégagé une marge opérationnelle passant de 9,5% en 2007 à 1,9% cette année. Comment qualifieriez-vous ce premier semestre ?
En effet, le chiffre d'affaires est en recul, alors que les frais fixes sont dimensionnés pour un chiffre d'affaires plus important. Cela explique en partie la baisse du résultat par rapport au premier semestre de l'exercice 2007. Les reports de livraisons sur le programme NH90 d'Eurocopter sont une deuxième explication.

Comme nous l'avons dit à plusieurs reprises, le second semestre sera beaucoup plus porteur puisqu'en termes de calendrier de livraisons, nous sommes confiants sur la tenue de nos objectifs, à savoir réaliser plus de 90 millions d'euros de chiffre d'affaires sur 2008.

Comment se sont portées vos activités civiles et militaires au cours du premier semestre ? Quelles sont les perspectives au second semestre ?
Sur l'activité militaire, nous constatons une forte demande dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Ce secteur, très porteur, contribue d'ailleurs à une bonne partie des prises de commandes du premier semestre.
Ensuite, nous avons obtenu de beaux contrats dans le secteur de la robotique sous-marine, cœur de métier d'ECA, et qui vont entrer en livraison à partir du second semestre et dans les années suivantes.

De manière générale, dans tous les métiers du groupe ECA, il y a soit du développement de produits (innovation, nouveaux systèmes, etc.), soit une forte croissance des marchés, notamment l'anti-terrorisme, le déminage sous-marin, et le nucléaire.

Ce dernier secteur que nous classions en business développement jusqu'en 2007 est aujourd'hui clairement un domaine d'activité comme les autres, c'est-à-dire avec des débouchés commerciaux importants et pour lesquels nos clients recherchent un savoir-faire d'automatisation et de robotisation de machines.

L'Asie est-elle devenue une région de fort développement pour votre groupe ?
Nous avons déjà quelques marines asiatiques clientes depuis 30 ans comme par exemple la marine japonaise. On observe aujourd'hui que certaines marines asiatiques développent leurs activités de guerre des mines. En effet, il y a énormément de zones de passages pour navires commerciaux ou de guerres sur la mer de Chine et jusqu'à l'Océan Indien. Il faut alors assurer le déminage de ces zones puisque l'une des menaces du terrorisme est justement de déposer des mines visant à empêcher le trafic commercial.

Et les Etats-Unis…
Nous avons une filiale aux Etats-Unis, SSI, qui a remporté un important contrat (12 millions de dollars) pour la fourniture de plusieurs centaines de simulateurs. Aujourd'hui, nous souhaitons utiliser SSI, qui est en contact avec un certain nombre de forces d'intervention (armée ou police), afin de développer commercialement d'autres activités du groupe, notamment la robotique terrestre. Les forces d'intervention américaines (swap) dans les grandes agglomérations ont des besoins importants.

Quant à 1Robotics, notre second véhicule en joint-venture, il est davantage tourné vers le domaine études et réalisations, donc sur des cycles plus longs, en relation avec le Pentagone. 

Où en êtes-vous avec Airbus qui a présenté le 9 septembre dernier le programme Power 8+ à son comité d'entreprise européen ? Quel impact cela aura-t-il sur vous ?
L'impact est plutôt positif pour ECA, puisque l'objectif du plan Power 8+ était de réduire le nombre de prestataires d'Airbus et de confier à chacun d'entre eux l'organisation industrielle d'un secteur pour un type de produit.

En ce qui nous concerne, nous nous concentrons sur tout ce qui a trait à l'outillage d'assemblage, autrement dit, tout ce qui permet de rapprocher deux tronçons d'avion, positionner les ailes, etc. Jusqu'à maintenant, Airbus passait par de nombreux fournisseurs.

A présent, Airbus opte pour des contrats globaux. Ce qui nous amène à organiser un réseau de sous-traitants afin de répondre à cette demande.

L'impact est donc plutôt positif et devrait se traduire par un chiffre d'affaires croissant notamment grâce au programme A350.

Aujourd'hui, nous sommes dans une séquence de réponses à des appels d'offres, avec une concurrence limitée puisque seuls les prestataires de rang 1 sont autorisés à y participer.

Quel impact l'évolution de l'euro a-t-elle sur vos résultats ?
Nous sommes surtout en compétition avec des entreprises européennes, et toutes les offres se font en euros. Les clients achètent en euros ou dans leur monnaie locale convertie. Dans ce cas, l'impact des effets de change se fait par un réajustement des volumes commandés, préservant ainsi notre marge brute.

Nous avons néanmoins quelques contrats en dollars, tel que celui obtenu avec l'armée américaine pour les simulateurs par notre filiale SSI. Le paiement de ces contrats nous sert alors surtout dans nos achats en dollars.

Quelles sont vos perspectives en termes de prises de commandes sur le second semestre ?
La bonne dynamique commerciale observée au premier semestre devrait se confirmer au second comme en témoigne le contrat signé en septembre avec l'Armée de terre française pour la fourniture de systèmes de lutte contre le terrorisme.

En ce qui concerne le  chiffre d'affaires du second semestre, il faut savoir que nous l'avons déjà dans notre carnet,  qui ne comprend que des commandes fermes. A plus long terme, un contrat pour une marine asiatique de 150 robots de déminage s'étale sur 2009-2010.

Avec les acquisitions d'Electronavale et de la branche d'activités télérobotique Défense et Sécurité Civile de Cybernétix, ECA s'est clairement placé comme un acteur de la consolidation du secteur de la Défense. Envisagez-vous de réaliser de nouvelles acquisitions ?
Nous avions pour objectif de consolider dans un premier temps les dernières acquisitions réalisées afin d'en optimiser l'organisation et les synergies, d'où une période de pause de 2007 à 2008.

Cela étant, l'objectif reste de se développer, de le faire de manière très ciblée, en repérant pour chaque métier les apports extérieurs nécessaires et créateurs de valeur.

C'est pour cela que nous avons contracté en juillet dernier une ligne de crédit de 20 millions d'euros. Nous allons désormais pouvoir repartir à la recherche de cibles intéressantes qui, soit nous renforcent technologiquement, soit complètent notre portefeuille de produit, soit nous donnent accès à de nouveaux marchés, et ce dans tous nos domaines d'activité.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy

- 30 Septembre 2008 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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