par Benjamin Mallet

PARIS, 18 novembre (Reuters) - L'approvisionnement en électricité de la France au mois de janvier concentre "davantage de risque" que dans les analyses antérieures en raison d'une production du parc nucléaire plus faible qu'espéré, selon une actualisation des prévisions de RTE publiée vendredi.

Le gestionnaire des lignes à haute tension françaises a précisé dans ce document que la disponibilité du parc nucléaire d'EDF devrait être inférieure à ses prévisions initiales en décembre et atteindre de l'ordre de 40 gigawatts (GW) début janvier.

"Les retards déjà accumulés sur certains réacteurs rendent en effet improbable, même si toujours possible, l'atteinte d'une disponibilité de 45 GW à cette période", selon RTE.

La situation apparaît cependant "peu risquée pour la fin du mois de novembre, et moyennement risquée pour début décembre, du fait des prévisions météorologiques et plus généralement du niveau de la consommation".

L'entreprise responsable du réseau de transport d'électricité a également fait savoir que son analyse restait inchangée pour l'ensemble de l'hiver dans la mesure où la baisse structurelle de la consommation d'électricité - qui atteint 5 à 7% depuis la fin de l'été par rapport à son niveau de 2019 - et celle de la production nucléaire "se compensent dans l'ensemble".

"Il y a moins de risques en décembre, il y en a plus en janvier, il y en a moins fin février et en mars. Mais quantitativement, sur l'hiver, c'est le même risque", a déclaré à des journalistes Thomas Veyrenc, directeur exécutif du pôle stratégie, prospective et évaluation de RTE.

"Si EDF remet en service 15 réacteurs d'ici mi-décembre, on finira au-dessus de notre vision centrale. Si jamais ce n'est pas 15 mais un peu moins, ce qui me semble probable, on sera cohérent avec notre vision statistique", a-t-il ajouté.

Vendredi matin,

la disponibilité du parc nucléaire français

s'établissait à environ 53%, soit 32,5 GW sur un total de 61,4 GW de capacités installées.

RISQUE "ÉLEVÉ" D'ALERTES EN JANVIER

EDF a dû abaisser début novembre sa prévision de production nucléaire en France pour 2022, à un niveau de 275 à 285 térawatts-heure (TWh), en raison de l'impact des grèves sur la maintenance de ses centrales et de l'allongement de la durée d'arrêt de quatre réacteurs pour des réparations liées au problème de corrosion détecté sur certains circuits.

Jean-Paul Roubin, directeur exécutif en charge du périmètre "Clients et opération du système électrique" de RTE, a rappelé que si des coupures d'électricité volontaires et ciblées devaient être décidées - dans le cadre de mesures dites de "délestage" -, les particuliers pourraient être concernés dans la mesure où ils ne sont pas classés parmi les consommateurs prioritaires.

"Par départements, en moyenne, la puissance non délestable est de l'ordre de 38%. Donc ça veut dire que 62% de la consommation est susceptible de pouvoir être délestée, donc (...) il y aura évidemment un grand nombre de particuliers, de foyers, mais aussi des artisans et des petites PME-PMI qui seront coupées à ce moment-là", a-t-il dit.

"Tous les moyens de production disponibles - gaz, charbon, fioul - seront démarrés avant qu'on déleste ; il est impensable de couper les consommateurs en ayant des moyens de production à l'arrêt (qui sont) disponibles", a cependant rappelé Jean-Paul Roubin.

RTE a précisé que le risque de recours au dispositif d'alerte "Ecowatt" - et en particulier de "signal d'alerte rouge" prévenant de coupures inévitables si la consommation ne baisse pas - apparaissait "élevé sur le mois de janvier mais dépendra(it) largement des conditions climatiques et de la possible survenue d'une vague de froid même modérée".

Toujours selon RTE, les prix de l'électricité sur les marchés à terme pour début 2023 intègrent toujours toutefois "une prime de risque disproportionnée par rapport aux fondamentaux de l'équilibre offre-demande, et ce malgré une diminution des prix à terme reflétant majoritairement une baisse de tension sur les marchés gaziers". (Edité par Kate Entringer)