Le ministre français de l'Energie, Eric Besson, assurait plus tôt dans la journée que le prix de l'électricité en France augmenterait légèrement cet été et pas avant, et que le gouvernement n'étudiait aucune hausse importante des tarifs.

"Le gouvernement s'attachera à la protection du pouvoir d'achat des Français. Nous n'avons que deux préoccupations: la compétitivité de notre industrie, le pouvoir d'achat des Français", a déclaré Eric Besson lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.

"Le gouvernement n'étudie aucune hausse importante des tarifs de l'électricité", a-t-il ajouté.

Personne n'était disponible dans l'immédiat chez EDF pour commenter les informations les plus récentes. L'électricien soulignait dans la matinée qu'il n'avait pas fait de "demande formelle" de hausse des tarifs.

Le groupe n'avait alors pas souhaité se prononcer sur un document présenté aux pouvoirs publics, évoqué par Les Echos. Le quotidien économique rapportait de son côté une hausse de la facture d'électricité des particuliers de 5,1% à 6,5% par an jusqu'en 2015, inflation comprise.

Dans l'entourage du ministre, on indiquait plus tôt dans la journée qu'"EDF n'avait pas transmis de demande d'augmentation des tarifs correspondant aux fourchettes citées".

"Au surplus, un document qui émanerait d'EDF ne saurait en aucune manière engager le gouvernement", a-t-on ajouté de même source

Interrogé sur la question à l'issue du conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement François Baroin est allé dans le même sens.

"La politique poursuivie par le gouvernement est de permettre de continuer d'offrir aux Français une électricité inférieure en termes de prix et de tarifs à ce que l'on peut observer dans les autres pays européens", a-t-il dit.

La fixation des tarifs de l'électricité en France ne suit pas de processus formel impliquant une demande d'EDF. Ces tarifs traditionnellement fixés mi-août par le ministère de l'Economie par arrêté, ont progressé de 1% à 3% par an depuis 2006.

PROPOSITION DÉLICATE EN PÉRIODE ÉLECTORALE

Dans le cadre de la réforme du marché français de l'électricité (loi Nome), EDF demande que le prix de départ du nucléaire qu'il devra céder à ses concurrents soit fixé à 42 euros par mégawatt/heure - tandis que ses rivaux réclament 35 euros - et veut qu'il évolue progressivement vers 45 à 46 euros.

Ce tarif de vente sera déterminant pour l'évolution des tarifs appliqués aux particuliers d'ici à 2015.

"La fixation de ce qu'on appelle le prix de l'Arenh, c'est-à-dire le tarif de gros de l'électricité; (le gouvernement) le fera tranquillement en avril, en tenant compte de (...) la mise en cohérence avec le tarif transitoire", a déclaré mercredi Eric Besson.

Le ministre a déclaré à plusieurs reprises ces derniers mois qu'une hausse des tarifs d'EDF était inévitable, notamment pour financer l'allongement de la durée de vie du parc nucléaire et le développement des énergies renouvelables.

Eric Besson a toutefois régulièrement fait savoir qu'il souhaitait "maintenir l'avantage compétitif du nucléaire au bénéfice des Français".

"La balle est dans le camp du gouvernement, qui voulait initialement trancher sur les modalités de la réforme la semaine prochaine, après le deuxième tour des élections cantonales. Aux dernières nouvelles, il table sur un nouveau délai de deux semaines", selon Les Echos.

L'Etat détient 84,5% du capital d'EDF.

En évoquant à l'été 2009 une hausse des tarifs de l'électricité en France de 20% sur trois ans ou plus, l'ancien PDG d'EDF, Pierre Gadonneix, avait déclenché une tempête politico-médiatique qui l'avait mis dans une position délicate vis-à-vis des pouvoirs publics.

En novembre de la même année, l'Etat nommait Henri Proglio pour lui succéder.

L'action de l'électricien a clôturé mercredi en hausse de 1,07%, à 28,77 euros, à comparer avec une hausse de 0,54% de l'indice CAC 40.

Benjamin Mallet, Yann Le Guernigou, Marc Angrand et Marie Mawad, édité par Jean-Michel Bélot