(Actualisé avec source de Bercy)

PARIS, 5 janvier (Reuters) - L'Etat français envisage de nationaliser ce qui reste de Dexia en raison des difficultés rencontrées pour mettre en oeuvre le volet hexagonal du plan de démantèlement de la banque élaboré en octobre, rapporte le quotidien Les Echos dans son édition datée de vendredi.

Une source proche du ministre français des Finances a toutefois dit ne pas avoir connaissance d'un tel projet de nationalisation.

"Je n'ai aucune connaissance de ce projet", a dit la source qui était impliquée dans le récent sauvetage de la banque franco-belge.

La France, la Belgique et le Luxembourg ont donné il y a maintenant trois mois le coup d'envoi au démantèlement du groupe, premier établissement bancaire européen de grande taille victime de la crise de la dette souveraine dans la zone euro.

L'accord conclu à l'époque a conduit à la nationalisation des activités belges et à la vente de la filiale luxembourgeoise. En France, il prévoit l'adossement des activités de financement des collectivités locales à la Caisse des dépôts (CDC).

Ce plan s'appuyait entre autres sur 90 milliards d'euros de garanties publiques sur dix ans, apportées par les Etats à hauteur de 60,5% pour la Belgique, 36,5% pour la France et 3% pour le Luxembourg.

Mais la Commission européenne n'a donné le mois dernier qu'un feu vert temporaire et partiel à ce mécanisme, en autorisant des garanties provisoires couvrant un maximum de 45 milliards de financements. (voir )

L'exécutif communautaire avait alors estimé que le plan de restructuration pourrait constituer une aide publique et exprimé des réserves sur la compatibilité du plan avec les règles du marché intérieur en Europe.

"L'Etat français envisage depuis quelques semaines de nationaliser ce qui reste de l'ancien établissement franco-belge c'est-à-dire Dexia Crédit Local (DCL), qui finance les collectivités locales en France, et son véhicule de refinancement Dexia Municipal Agency (DMA)", rapporte le journal Les Echos, citant plusieurs sources concordantes.

UN TRANSFERT À LA CDC "PLUS LOURD QUE PRÉVU"

Le quotidien explique que ce changement de stratégie est dû entre autres à la dégradation de la situation financière des Etats, qui affaiblit la qualité des garanties.

"Dans ce contexte, le transfert à la Caisse des Dépôts du véhicule de refinancement de Dexia, qui porte les encours de crédit aux collectivités locales, dont 10 milliards d'euros de prêts à risque, s'avère plus lourd que prévu pour les comptes de l'établissement public et pour l'Etat français", poursuit le quotidien.

Dexia Crédit Local, la filiale concernée, a été recapitalisée à hauteur de 4,2 milliards d'euros, après avoir dû tirer un trait sur la majeure partie de son exposition à la Grèce.

Le journal Les Echos évoque aussi la réticence des autorités européennes à approuver le plan initial et écrit que la CE "ne donnerait son feu vert à la garantie qu'en contrepartie de l'arrêt des activités de Dexia, qui emploie encore 1.350 salariés".

"Le scénario d'une nationalisation est toutefois loin d'être acquis car politiquement sensible", précise le quotidien.

Personne n'était disponible dans l'immédiat au ministère français de l'Economie pour commenter ces informations. De son côté, un porte-parole de Dexia, joint par Reuters, s'est refusé à tout commentaire.

Un éventuel accroissement du coût du sauvetage de Dexia Crédit Local pour l'Etat français pourrait avoir des conséquences sur sa note souveraine "triple A", mise sous surveillance début décembre par Standard & Poor's avec celles de 14 autres pays de la zone euro, et dont Fitch a abaissé la perspective de "stable" à "négative".

Lors de l'annonce du plan de démantèlement, un analyste de S&P avait déclaré à Reuters que les engagements pour Dexia étaient "un facteur parmi d'autres" pris en compte par l'agence. (Marc Angrand, avec Jean-Baptiste Vey, édité par Catherine Monin)