New York (awp/afp) - La Bourse de New York a ouvert en baisse vendredi, les yeux rivés sur les rendements obligataires qui poursuivent leur remontée après plusieurs indicateurs d'inflation élevés et des commentaires offensifs de membres de la banque centrale américaine (Fed).

Vers 15H00 GMT, le Dow Jones reculait de 0,37%, l'indice Nasdaq lâchait 1,13% et l'indice élargi S&P 500 perdait 0,85%.

Les investisseurs s'inquiètent de l'accélération de la remontée des taux obligataires ces derniers jours. Vendredi, le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans a grimpé jusqu'à 3,92%, une première depuis trois mois.

"Tous les regards vont être braqués sur le taux à 10 ans" durant cette dernière séance de la semaine, a prévenu Quincy Krosby, de LPL Financial.

Pour l'analyste, les deux indices de prix, à la consommation (CPI) et à la production (PPI), ressortis cette semaine au-dessus des attentes, avaient mal orienté les indices, mais ce sont l'escalade des taux obligataires et des commentaires de banquiers centraux qui ont fait basculer le marché.

Jeudi, Loretta Meester, présidente de l'antenne de la Fed à Cleveland, et James Bullard, qui préside celle de Saint-Louis, ont tous deux indiqué qu'ils s'étaient déclarés favorables à une hausse d'un demi-point de pourcentage du taux directeur de la Réserve fédérale lors de la récente réunion des 31 janvier et 1er février.

Le Comité de politique monétaire de la Fed a finalement opté pour un relèvement d'un quart de point.

Bien qu'aucun de ces deux membres de la Fed ne participe aux votes concernant le taux directeur cette année, "ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", selon Quincy Krosby.

"Il aura fallu du temps, mais il semble que l'éternel optimisme des investisseurs ait été ébranlé", a abondé, dans une note, Craig Erlam, d'Oanda.

"Le marché est en train de se recalibrer", selon Quincy Krosby.

Ce changement d'atmosphère est défavorable au secteur technologique, qui avait le vent en poupe à Wall Street depuis le début de l'année mais pâtit désormais d'un durcissement des conditions de crédit.

Microsoft (-1,75%), Alphabet (-1,51%) et Amazon (-1,86%) figuraient vendredi parmi les actions les plus malmenées.

A l'inverse, les valeurs dites défensives, c'est-à-dire de secteurs théoriquement moins sensibles à la conjoncture, tiraient leur épingle du jeu, à l'instar de l'assureur santé UnitedHealth (+1,24%), plus grosse pondération du Dow Jones, ou de Coca-Cola (+1,06%).

Ailleurs à la cote, le fabricant de tracteurs et d'engins de constructions Deere prenait de la hauteur (+5,93%) grâce à des résultats nettement supérieurs aux attentes. Le groupe de Moline (Illinois) a fait état d'une demande soutenue, qui l'a amené à relever ses objectifs annuels.

La plateforme de livraison de repas DoorDash reculait (-2,12%) malgré un chiffre d'affaires trimestriel et de prévisions pour l'année en cours plus élevés que ne l'anticipaient les analystes.

Après avoir progressé de plus de 27% en dix jours, le titre Manchester United s'offrait une respiration (-0,75%), alors que les offres de rachat du club de football anglais coté à New York doivent être théoriquement déposées au plus tard vendredi.

Deux semaines après le déraillement de l'un de ses trains transportant des produits chimiques dans l'Ohio, la compagnie ferroviaire Nofrolk Southern restait sous pression (-0,05%), les riverains de la zone de l'accident s'inquiétant de possibles conséquences sanitaires. Depuis l'incident, le titre a perdu près de 11%.

Le laboratoire Moderna (-5,90%) payait les résultats intermédiaires mitigés des essais cliniques de son vaccin contre la grippe utilisation la technologie de l'ARN messager, publiés jeudi.

La crainte des conséquences sur la conjoncture d'un environnement de taux élevés pesait sur les cours du pétrole et, par ricochet, sur les valeurs pétrolières, notamment ExxonMobil (-3,05%) et ConocoPhillips (-3,27%).

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