L'assemblée des actionnaires de mardi marque une fin ignominieuse pour la banque phare fondée il y a 167 ans par Alfred Escher, un magnat suisse affectueusement surnommé le roi Alfred Ier, qui a contribué à la construction des chemins de fer du pays, puis à celle du Credit Suisse.

Après des années de scandales et de pertes, le Credit Suisse a frôlé la faillite avant qu'UBS ne vole à son secours grâce à une fusion conçue et financée par les autorités suisses. C'est la première fois que le président Axel Lehmann et le directeur général Ulrich Koerner s'adressent publiquement aux actionnaires depuis l'annonce du rachat. Le Crédit Suisse a tenté de faire table rase du passé et de se restructurer, avant qu'un choc provoqué par l'effondrement de la Silicon Valley Bank aux États-Unis ne l'entraîne dans une spirale infernale.

Après une ruée sur les dépôts, le gouvernement suisse s'est tourné vers UBS, qui a accepté de racheter le Credit Suisse pour 3 milliards de francs suisses, soit une fraction de sa valeur de marché antérieure. Le fonds souverain norvégien, l'un des plus gros investisseurs au monde, a déclaré qu'il voterait contre la réélection de Lehmann et de six autres administrateurs, en signe de protestation publique. Le conseiller américain spécialisé dans le conseil aux actionnaires ISS avait déjà tancé la direction de la banque pour "manque de surveillance et mauvaise gestion".

Des résolutions supprimées

En amont de l'assemblée générale, le Credit Suisse a retiré certaines propositions de l'ordre du jour de la réunion. Il s'agit notamment de la décharge de la direction, qui est généralement un indicateur de confiance. Il a également renoncé à un projet de prime spéciale liée au plan de transformation de la banque.

La quasi-faillite du Credit Suisse n'a pas seulement fait perdre des milliards de francs suisses à la valeur de ses actions. Il a aussi complètement effacé 17 milliards de dollars de dette Additional Tier 1 (AT1). Un groupe d'investisseurs AT1 a engagé le cabinet d'avocats Quinn Emanuel Urquhart & Sullivan pour réclamer des compensations. Par ailleurs, le bureau du procureur général a déclaré dimanche que le procureur fédéral suisse avait ouvert une enquête sur le rachat du Credit Suisse. Le procureur examine les violations potentielles du droit pénal suisse par des fonctionnaires, des régulateurs et des cadres des deux banques.