Les commentaires des dirigeants des banques centrales d'Autriche et de Belgique ont confirmé les remarques formulées la veille par deux autres faucons - leurs homologues slovaque et lituanien - et ont plaidé en faveur d'une hausse des taux pour maîtriser l'inflation, qui s'élève à 8,5 % dans la zone euro.

La BCE a relevé ses taux d'intérêt de 50 points de base jeudi, comme elle l'avait promis, poursuivant sa lutte contre l'inflation et répondant aux appels de certains investisseurs à ne pas durcir sa politique tant que les turbulences dans le secteur bancaire ne s'atténueront pas.

Robert Holzmann (Autriche) et Pierre Wunsch (Belgique) ont déclaré que des mesures supplémentaires seraient probablement nécessaires.

"L'inflation s'avère beaucoup plus difficile que prévu", a déclaré M. Holzmann à la radio autrichienne ORF 1. "Je m'attends à de nouvelles hausses des taux d'intérêt. Il a ajouté que l'ampleur des nouvelles hausses dépendrait des données.

La BCE a relevé ses taux de 350 points de base depuis juillet dernier, portant son taux de refinancement de référence à 3,5 % jeudi.

"Nous savons que nous devons continuer à le faire", a déclaré M. Wunsch au journal belge L'Echo. "Dans quelle mesure ? Ce n'est pas clair. Ce sera une réunion après l'autre.

Interrogé sur le niveau que pourrait atteindre le taux de référence, M. Holzmann a répondu : "Certains d'entre nous espèrent qu'il restera inférieur à 4 %. Je crains qu'il ne soit supérieur à 4 %".

M. Wunsch a déclaré que la BCE avait "un long chemin à parcourir" si sa prévision d'inflation de base se concrétisait.

La BCE a prévu jeudi que l'inflation resterait supérieure à son objectif de 2 % jusqu'en 2025, sur la base de prévisions qu'elle a déclarées avoir été formulées avant l'effondrement massif des actions des banques cette semaine.

La BCE a également reconnu jeudi que les perspectives étaient devenues plus incertaines après l'effondrement de deux banques aux États-Unis et l'apparition de nouveaux problèmes au sein du Credit Suisse Group.

PAS DE RISQUE DE CONTAGION

Les valeurs bancaires mondiales ont été malmenées depuis que la Silicon Valley Bank s'est effondrée et que le Credit Suisse a été contraint de puiser 54 milliards de dollars dans les fonds de la banque centrale, ce qui soulève des questions sur d'autres faiblesses du système financier.

Interrogé sur le risque d'une nouvelle crise financière mondiale, comme celle de 2008, M. Holzmann a répondu : "Non, parce que les deux crises - celle de la Silicon Valley Bank et celle du Crédit Suisse - ont eu lieu en même temps : "Non, parce que les deux, les problèmes de la Silicon Valley Bank et maintenant ceux du Credit Suisse, sont des problèmes assez particuliers.

Le Credit Suisse est confronté à "un problème de restructuration de longue date", a-t-il ajouté.

M. Wunsch a déclaré : "Nous ne voyons pas de problème structurel : "Nous ne voyons pas de problème structurel dans les banques européennes", bien qu'il ait ajouté qu'il restait à voir quel serait l'impact des événements dans le secteur bancaire américain et autour du Crédit Suisse dans les jours à venir.

"Nous ne voyons pas de risque de contagion ni de risque d'instabilité si nous examinons les chiffres d'un point de vue rationnel", a ajouté M. Wunsch.

Interrogé sur l'avenir du Credit Suisse, M. Wunsch a déclaré qu'il ne voyait qu'une "très faible" probabilité que la banque fasse faillite.

"D'une part, selon les chiffres publics, sa situation n'est pas mauvaise en soi et, d'autre part, les autorités suisses interviendraient si nécessaire puisqu'il s'agit d'une banque d'importance systémique", a-t-il déclaré.