Zurich (awp) - A peine ressorti d'un exercice 2021 calamiteux en termes de résultats et marqué au fer rouge des affaires, Credit Suisse anticipe déjà les prochaines difficultés. Le numéro deux bancaire helvétique entame son "année de transition" prévoyant des charges et autres éléments exceptionnels qui vont peser les résultats.

Credit Suisse énumère jeudi plusieurs facteurs négatifs attendus en 2022. Les résultats seront affectés par des charges de restructuration et des frais liés à la rémunération, en progression en comparaison annuelle. La participation de 8,6% dans Allfunds Group, dont la valeur a reculé de 204 millions de francs suisses depuis le début de l'année, aura également un impact négatif, selon le communiqué.

Les dirigeants avaient prévenu fin janvier que l'exercice en cours serait une "année de transition".

Côté opérationnel, l'activité clientèle a ralenti début 2022 "après les niveaux exceptionnels" du 1er trimestre 2021. La cession de l'unité Prime Services, à l'origine de l'affaire Archegos, provoquera une baisse des recettes, selon Credit Suisse, qui perçoit cependant des "signes encourageants" dans la dynamique de ses affaires.

En 2021, les signes encourageant se sont révélés assez rares. La perte annuelle de Credit Suisse a atteint 1,57 milliard de francs suisses, à comparer au bénéfice de 2,7 milliards de 2020, selon les indications fournies jeudi par le géant bancaire zurichois.

Credit Suisse se trouve dans l'oeil du cyclone depuis l'éclatement coup sur coup de deux affaires au printemps, Archegos et Greensill. La première est liée à la débâcle d'un fond spéculatif américain et a coûté plus de 5 milliards de francs suisses à la grande banque.

Celle-ci est également empêtrée dans la liquidation des fonds Greensill, du nom de la société britannique d'affacturage en faillite. Dans son communiqué, le groupe annonce qu'il ne publiera pas le rapport faisant suite à l'enquête interne diligentée par le conseil d'administration, notamment en raison "de la complexité juridique de l'affaire". Des mesures ont été prises à l'encontre de "plusieurs personnes" dans cette affaire, assure l'établissement.

Aux scandales susmentionnés est venu s'ajouter en ce début d'année le départ du controversé président António Horta-Osório, qui a démissionné après avoir enfreint les règles de quarantaine. Le Portugais a été remplacé par Axel Lehmann.

Collecte d'argent en chute libre

Le quatrième trimestre 2021 a bouclé dans le rouge, à hauteur de 2,01 milliard de francs suisses, contre -353 millions il y a un an. Cette contreperformance était attendue, le géant bancaire zurichois avait lancé en janvier un avertissement sur résultats, constituant de nouvelles provisions pour litiges "majeurs" de 436 millions de francs suisses, compensées partiellement par un produit de 225 millions découlant de cessions immobilières.

Le débours est principalement imputable à un correctif de valeur sur l'écart d'acquisition ("goodwill") de 1,6 milliard de francs suisses, annoncé en novembre suite à la reprise dans les années 2000 de la banque d'affaires Donaldson, Lufkin & Jenrette. Cette dépréciation est liée à la restructuration de la division de banque d'affaires Investment Bank.

Le résultat avant impôts s'est enfoncé en territoire négatif à hauteur de 1,59 milliard de francs suisses (-88 millions au 4e trimestre 2020). Les recettes ont reculé de 12% à 4,58 milliards de francs suisses, tandis que les charges ont bondi d'un cinquième à 6,19 milliards. Les afflux nets d'argent frais ont atteint 1,6 milliard de francs suisses, contre 8,4 milliards au 4e trimestre 2020.

Les chiffres publiés par Credit Suisse sont globalement inférieurs au consensus AWP.

Certains analystes ne prennent pas de gants pour commenter les chiffres de Credit Suisse ainsi que les perspectives. Pour Barclays, la performance de la grande banque peut être résumée en un mot: faible.

Vontobel remarque que d'autres banques comparables ont enregistré des résultats solides, voire battu des records. Même les résultats ajustés des éléments exceptionnels sont plus faibles que prévu, note l'analyste Andreas Venditti, qui souligne que les marchés financiers seront désormais moins porteurs.

A la Bourse suisse, les investisseurs ont reçu le message cinq sur cinq: l'action Credit Siusse a terminé lanterne rouge, en chute de 6,60% à 8,64 francs suisses, alors que l'indice phare SMI a reculé de 0,44%.

fr/al/vj