Zurich (awp) - Empêtré dans les affaires à répétition, Credit Suisse a pris une décision qui pourrait bien lui valoir de nombreuses critiques. Le numéro deux bancaire helvétique a annoncé jeudi, en marge de la publication des chiffres annuels, qu'il ne publiera pas le rapport sur l'affaire Greensill.

Dans son communiqué, le géant zurichois justifie cette décision par le "processus de recouvrement en cours" et "la complexité juridique de cette affaire". Interpellé par la fondation Ethos lors de la dernière assemblée générale en avril 2021, Credit Suisse s'était pourtant engagé à publier "les conclusions" de l'enquête diligentée par le conseil d'administration, comme en témoigne le procès-verbal de l'événement.

Le conseil d'administration avait confié au bureau d'avocats Walder Wyss le mandat de réaliser une enquête interne sur les fonds Supply Chain Finance (SCFF), liés à la société d'affacturage britannique Greensill, désormais en faillite. Ces produits financiers étaient constituées de créances - ou supposées comme telles - titrisées de différentes sociétés industrielles.

Le printemps dernier, Credit Suisse annonçait la liquidation des fonds incriminés et le remboursement des 10 milliards de dollars investis à ce moment. Jusqu'ici, les deux tiers de la somme ont été retournés aux clients.

Entretemps, l'enquête interne a été bouclée et le "rapport Greensill" remis au conseil d'administration ainsi qu'au régulateur financier Finma. Un document que le grand public ne pourra pas éplucher, contrairement à celui réalisé dans le sillage d'un autre scandale ayant affecté Credit Suisse, la faillite du fonds spéculatif américain Archegos.

Promesses non tenues, selon Ethos

Contacté par AWP, le directeur d'Ethos Vincent Kaufmann se dit "sceptique" vis-à-vis des raisons invoquées par la grande banque. "La Fondation Ethos est déçue de cette décision qui va l'encontre des promesses faites lors de la dernière assemblée générale", regrette-t-il.

"Ethos regarde actuellement les options légales données aux actionnaires pour connaître les principales conclusions de ce rapport comme par exemple la demande d'information ou la tenue d'un contrôle spéciale", poursuit M. Kaufmann qui veut faire toute la lumière sur cette affaire d'ici l'assemblée générale du 29 avril.

La société de conseil aux actionnaires peut se prévaloir d'une participation de 3 à 5% dans Credit Suisse, en comptant les délégations de ses clients.

En juillet dernier, la grande banque publiait le rapport sur l'affaire Archegos, qui a coûté plus de 5 milliards de francs suisses à Credit Suisse. L'enquête fouillée avait permis de prendre conscience des errements du géant bancaire zurichois, de l'incurie dans la gestion du risque et de l'"appât du gain" de certains responsables.

fr/jh