Zurich (awp) - Toujours affairé à se restructurer, Credit Suisse n'a pas démérité au 3e trimestre, malgré quelques déceptions, en premier lieu la performance de la banque universelle suisse. Les unités de banque d'affaires ont manqué les attentes en raison du creux de l'été, affirme la direction. Analystes et investisseurs ne retenaient que le positif, s'appuyant sur des perspectives optimistes.

La grande banque concentre encore ses efforts sur les réductions de coûts. Dans un communiqué, elle a réaffirmé jeudi son intention de dépasser l'objectif 2017, qui vise à réduire la base de coûts à 18,5 mrd CHF. Ce montant devrait être ramené à 17 mrd à la fin de l'année prochaine.

La direction de Credit Suisse perçoit néanmoins encore un important potentiel dans le domaine des coûts et de l'efficience. Une fois l'objectif fixé atteint, les économies se poursuivront au-delà de 2018, a précisé jeudi le directeur général (CEO) Tidjane Thiam, en conférence téléphonique.

Plus globalement, la banque aux deux voiles se déclare satisfaite avec la réorientation des activités. Les divisions de gestion de fortune ont enregistré une croissance profitable, tandis que les réductions de coûts et l'élimination des activités non-stratégiques sont en bonne voie, souligne-t-elle.

Au troisième trimestre, le bénéfice net a été multiplié par six à 244 mio CHF. Le bénéfice avant impôts s'est inscrit à 400 mio CHF, soit un bond de 80%. Le produit d'exploitation s'est étiolé de 8% à 4,97 mrd, alors que les charges se sont inscrites à 4,54 mrd, allégées de 11%.

"Notre performance en termes de revenus a été robuste au troisième trimestre", a déclaré M. Thiam, cité dans le communiqué.

ATTENTES PAS TOTALEMENT REMPLIES

Ces indicateurs demeurent néanmoins contrastés. Les charges d'exploitation et le bénéfice net dépassent les prévisions du consensus AWP, tandis que le produit d'exploitation est inférieur à la moyenne des attentes. Le bénéfice avant impôts est dans la cible.

Global Markets, division de banque d'affaires au centre de la restructuration actuelle, continue de pâtir des turbulences dues au plan d'économie. Les recettes et le bénéfice avant impôts ont reculé nettement, manquant largement le consensus AWP.

L'autre division de banque d'affaires, Investment Banking & Capital Markets (IBCM) a également souffert en termes de produit d'exploitation et de résultat. Le bénéfice avant impôts est inférieur de moitié à la moyenne des prévisions.

Les unités de gestion de fortune, priorité stratégique de Credit Suisse, montrent un visage plus favorable. International Wealth Management (IWM) est conforme aux attentes. Asie Pacifique (Apac) fait clairement mieux qu'espéré.

Le bilan s'avère plus sombre pour le vaisseau amiral du géant zurichois, la banque universelle suisse (SUB), autrefois destinée à une introduction en Bourse. Cette unité a certes stabilisé ses charges, mais voit ses revenus et son bénéfice avant impôts plonger, bien loin des estimations des analystes.

La banque de défaisance (SRU) et le Corporate Center inscrivent des chiffres rouges.

COLLECTE "STRATÉGIQUE" POSITIVE

A fin septembre, Credit Suisse affichait une masse sous gestion de 1344,8 mrd CHF, en hausse de 2,9% sur trois mois. La collecte d'argent s'est avérée négative lors du troisième partiel, avec des sorties nettes de 1,8 mrd, contre des afflux de 12,1 mrd au trimestre précédent. Dans les divisions clé, des entrées de 10,4 mrd CHF ont néanmoins été enregistrées.

En termes de capitalisation, l'établissement zurichois affichait au terme du trimestre un ratio de fonds propres durs (CET1, pleinement appliqué) de 13,2%, en recul de 0,1 point par rapport à fin juin. Cette baisse s'explique pas le règlement d'un litige aux Etats-Unis et une hausse liée des actifs pondérés au risque (RWA).

M. Thiam demeure raisonnablement optimiste pour le quatrième trimestre. "Nous nous attendons à une performance toujours très bonne dans nos affaires de gestion de fortune, mais avec un ralentissement saisonnier des afflux nets de nouveaux capitaux", affirme-t-il.

Globalement, la communauté des analystes balaie d'un revers de main les zones d'ombres de ces chiffres trimestriels. Les commentaires se résument à une énumération des bonnes performances de Credit Suisse, que certains n'hésitent pas à qualifier de solides.

A la Bourse, l'action Credit Suisse a fini en hausse de 4,5% à 16,34 CHF, dans un SMI en hausse de 0,13%%.

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