FRANCFORT, 21 juin (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) procèdera à un examen approfondi des portefeuilles de crédits accordés par les banques au secteur maritime, dont la situation s'est dégradée, ce qui pourrait signifier pour le secteur bancaire encore plus de fonds propres et de provisions, ont déclaré mardi cinq sources au fait du dossier.

La BCE a envoyé à la fin de la semaine dernière un courriel à plusieurs banques européennes, leur demandant des informations sur ces portefeuilles et sur la situation de leurs provisions pour pertes sur créances, première étape d'un examen en profondeur du crédit au secteur maritime, a précisé l'une des sources.

"C'est une requête de grande ampleur", a-t-elle dit.

La BCE s'est refusé à tout commentaire.

L'Allemagne était l'un des grands centres mondiaux du crédit au secteur maritime avant la crise de 2008. Les cinq établissements les plus liés à ce secteur d'activité ont encore un encours de crédits de quelque 80 milliards d'euros.

La banque publique NordLB a dit ce mois-ci qu'elle prendrait le contrôle intégral de sa filiale Bremer Landesbank en raison des pertes qu'elle accumule dans ce compartiment particulier du crédit.

Ses homologues HSH Nordbank et Commerzbank ont constitué des provisions et augmenté leurs matelas de fonds propres face à ce nouveau péril.

Si les tankers connaissent une période florissante, les vraquiers et les porte-conteneurs subissent eux l'impact d'un marché encombré de vaisseaux, d'une conjoncture économique mondiale déprimée et d'une demande anémique.

Le secteur bancaire redoute que la BCE serre la vis à la suite du nouvel accès de faiblesse du secteur maritime depuis le troisième trimestre 2015, la banque centrale n'ayant plus la patience d'attendre qu'agissent des mesures correctives jusqu'ici étalées dans le temps.

Pour Klaus Stoltenberg, patron du crédit maritime de Deutsche Bank, les banques devront déprécier leurs créances et réactualiser leurs portefeuilles à la valeur de marché dans les deux années à venir.

NordLB, HSH et Commerzbank se sont refusé à tout commentaire. (Andreas Kröner, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)