Les stocks de cuivre enregistrés auprès des trois principales bourses mondiales ont dépassé les 500 000 tonnes métriques pour la première fois depuis août 2021.

Les stocks du London Metal Exchange (LME) ont augmenté de 56 850 tonnes depuis le début du mois et, à 172 850 tonnes, ils n'ont jamais été aussi élevés depuis décembre de l'année dernière.

Une partie au moins de l'afflux récent provient de Chine, où les fonderies ont profité de la hausse du cuivre au LME, qui a atteint un niveau nominal record de 11 104,50 dollars la tonne en mai.

La Chine peut se permettre d'expédier certaines unités. Les stocks du Shanghai Futures Exchange (ShFE) s'élèvent actuellement à 322 910 tonnes, ce qui ne représente qu'une légère baisse par rapport au record de presque 337 000 tonnes atteint au début du mois de juin.

La seule exception à cette tendance est la division COMEX du CME, où les stocks n'atteignent plus que 8 274 tonnes, soit le niveau le plus bas depuis 2008.

Les vendeurs à découvert du CME n'ont d'autre choix que de reporter leurs positions, prolongeant ainsi l'effet de ciseau sur le marché américain.

DU CUIVRE, DU CUIVRE PARTOUT...

L'augmentation des stocks de cuivre dans les bourses mondiales a freiné les élans haussiers, ce qui explique que le prix à trois mois du LME soit retombé sous la barre des 10 000 dollars la tonne, le dernier cours se situant aux alentours de 9 600 dollars.

La montagne croissante de métal explique également l'importante structure de contango sur les bourses de Londres et de Shanghai. La période de référence cash-trois mois du LME < CMCU0-3> s'est étendue jusqu'à un contango de 150 dollars la tonne tôt mardi, égalant presque la décote record de 152,50 dollars le mois dernier.

Les fondeurs chinois n'ont pas caché leur intention de livrer jusqu'à 100 000 tonnes de cuivre aux entrepôts du LME.

En effet, les exportations ont atteint 73 829 tonnes en mai, soit le volume mensuel le plus élevé depuis 2016.

Ce n'est probablement pas une coïncidence si les principaux points d'arrivée dans le système d'entrepôts du LME ce mois-ci ont été les plus proches de la Chine continentale. Le port taïwanais de Kaohsiung a reçu 29 325 tonnes et les ports coréens de Gwangyang et Busan ont enregistré des entrées de 20 400 et 9 675 tonnes respectivement.

Les importations chinoises de métal raffiné ont été robustes cette année, mais les stocks visibles obstinément élevés expliquent pourquoi les producteurs du pays sont heureux de vendre du métal physique sur le marché occidental.

Les stocks du ShFE n'ont manifestement pas diminué après les vacances du nouvel an lunaire, rompant ainsi avec une tendance pluriannuelle d'augmentation rapide en début d'année suivie d'une diminution tout aussi rapide au cours du deuxième trimestre.

Les stocks d'entrepôt sous douane < SMM-CUR-BON> sont passés de moins de 10 000 tonnes en janvier à 89 700 tonnes actuellement, selon le fournisseur de données local Shanghai Metal Market.

...MAIS PAS AUX ÉTATS-UNIS

Alors que les stocks cumulés au LME et au ShFE ont plus que doublé au cours de la première moitié de l'année, très peu de métal semble avoir pris le chemin des États-Unis.

Les entrepôts du CME, tous situés sur le territoire national, n'ont pas enregistré d'entrées depuis le mois de mai et le métal sort régulièrement du système depuis lors.

Les entrepôts du LME à Mobile et à la Nouvelle-Orléans détiennent un reliquat de 1 375 tonnes, dont 725 tonnes seulement attendent d'être physiquement chargées.

Les fourchettes de temps du COMEX se sont à nouveau enflammées dans la déportation au cours des deux dernières semaines, les détenteurs de positions courtes se déplaçant vers le bas de la courbe à terme avant l'expiration du contact de juin.

Le resserrement n'a pas été aussi brutal qu'en mai, mais c'est le signe que certains acteurs sont toujours à découvert et pris, que ce soit en termes de prix, de spreads ou d'une combinaison des deux.

La déconnexion avec les marchés de Londres et de Shanghai est frappante et très inhabituelle.

LE JEU DE L'ATTENTE

L'arbitrage physique comblera le fossé béant entre les États-Unis et le reste du monde.

Mais ce n'est manifestement pas encore le cas. Le fait que la plupart des produits stockés dans le système du LME ne soient pas considérés comme une marque de bonne livraison au CME ne facilite pas les choses.

Le métal chinois et russe représentait 72 % des stocks du LME à la fin du mois de mai. Ce ratio a probablement encore augmenté en juin, compte tenu de l'explosion des arrivées dans les ports du LME proches de la Chine.

Les marques chinoises ne sont pas livrables dans le cadre du contrat de cuivre du CME. Il en va de même pour les marques russes, même si cela ne changerait rien puisque l'administration Biden a interdit toutes les importations de cuivre russe dans le cadre de son dernier train de sanctions.

La liste de bonne livraison du CME est fortement pondérée par les marques nationales, sud-américaines et japonaises, ce qui limite la disponibilité pour quiconque souhaite détourner le cuivre vers les États-Unis.

La situation s'est transformée en un jeu d'attente, les vendeurs à découvert parcourant la courbe à terme en gardant un œil sur l'horizon à la recherche de signes d'arrivée de cargaisons.

Jusqu'à ce qu'ils arrivent, le marché COMEX va rester turbulent pour les baissiers du cuivre.

Les opinions exprimées ici sont celles de l'auteur, chroniqueur pour Reuters.