Zurich (awp) - Le groupe Clariant a un nouvel actionnaire de référence, après l'annonce jeudi de la cession du paquet d'actions détenu jusqu'ici par le groupe d'investisseurs réunis sous l'égide de White Tale. L'acheteur, le groupe pétrochimique Saudi Basic Industries (Sabic) a insisté sur le fait qu'il n'envisage pas "pour le moment" de faire main basse sur la firme bâloise. Les espoirs douchés d'une reprise ont incité les investisseurs à empocher leurs bénéfices, ce qui a valu au titre un plongeon de plus de 10%.

Après confirmation de la transaction par White Tale et Clariant, le colosse saoudien a souligné dans un communiqué que "Clariant est complémentaire aux activités existantes de spécialités de Sabic et bien en ligne avec (sa) stratégie consistant à explorer de nouvelles opportunités de croissance dans les spécialités chimiques".

Sabic a également affirmé ne pas prévoir "à l'heure actuelle" de prendre entièrement le contrôle de Clariant. Le colosse pétrochimique se considère plus comme un investisseur stratégique. "Le but était de devenir un actionnaire de référence de Clariant", a confié une source bien informée à AWP.

Aucune mention n'a été faite du prix d'achat, mais la valeur du paquet cédé par White Tale, basé sur sa capitalisation boursière, avoisine les 2,3 mrd CHF.

Le groupe de Muttenz a l'intention de travailler ces prochaines semaines avec Sabic "afin de discuter de la nouvelle situation et de sonder les possibilités de générer de la valeur". La direction entend également "poursuivre le dialogue existant" avec tous les autres actionnaires.

White Tale, qui représente Standard Industries et le fonds spéculatif Corvex, avait eu un rôle prépondérant dans le capotage du projet de fusion de Clariant avec son concurrent américain Huntsman l'automne dernier.

Dans la foulée, l'actionnaire activiste avait revendiqué trois sièges au conseil d'administration et un examen stratégique indépendant, deux requêtes auxquelles la direction de Clariant avait opposé une fin de non-recevoir.

Sabic n'est pas un inconnu pour Clariant. Le groupe saoudien était un client de Südchemie, repris en 2011 par le chimiste bâlois, et les deux partenaires détiennent une coentreprise dans le secteur des catalyseurs (Scientific Design).

ANALYSTES PERPLEXES, INVESTISSEURS RÉTIFS

Les milieux financiers sont surpris par la manoeuvre, l'entrée au capital de Sabic suscitant autant de perplexité que le retrait de White Tale. Quant aux détenteurs de capitaux, déçus de voir leurs espoirs de reprise s'effilocher, ils se sont massivement détournés du titre.

Morgan Stanley s'attend à ce que les investisseurs s'interrogent sur les intentions de Sabic à long terme et si de futures synergies pourront être réalisées grâce à une collaboration renforcée.

Même son de cloche du côté de Vontobel, qui confirme sa recommandation d'achat du titre, tout en relevant que l'arrivée d'un nouvel actionnaire de référence n'est "probablement pas la fin de l'histoire".

Le titre évolue actuellement au-dessus de sa juste valeur, selon UBS, qui voit toutefois dans le rapprochement des deux entreprises des opportunités de création de valeur pour les unités Catalysis (catalyseurs) Care Chemicals (soins) de Clariant.

Rétifs aux incertitudes qui entourent les motivations de Sabic, les investisseurs ont préféré empocher leurs bénéfice, faisant plonger le cours de l'action.

A la clôture jeudi, la nominative Clariant s'était délestée de 8,1% 26,07 CHF, après avoir plongé en fin de matinée à 25,22 CHF (-11,2%). Le SLI avait pour sa part abandonné 0,89%.

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