Citigroup a annoncé en début de journée qu'elle publierait ses résultats du quatrième trimestre le 16 janvier, avec six jours d'avance sur la date initialement prévue. Le marché s'attend à ce que l'ex-numéro un mondial de la banque dévoile une perte de plusieurs milliards de dollars.

Sur les 12 mois clos fin septembre, Citigroup a perdu 20,3 milliards de dollars, essentiellement en raison de produits de dettes complexes, dont certains liés au crédit immobilier.

Une autre grande banque américaine, JPMorgan Chase, a elle aussi avancé la parution de ses comptes 2008. Elle doit les publier jeudi.

En matinée, Citigroup perdait plus de 15% et passait sous la barre des cinq dollars, tandis que JP Morgan reculait de 4,7% à 25,11 dollars.

Sous la houlette de son directeur général Vikram Pandit, Citigroup est en cure d'amaigrissement. Le mastodonte financier créé par l'ancien homme fort du groupe, Sanford "Sandy" Weill, après la fusion de Citicorp et de Travelers en 1998, devrait diminuer d'un tiers.

Le groupe devrait se recentrer sur la banque de détail et la banque à destination des entreprises. Les opérations de trading devraient être fortement réduite, dit-on de source proche du dossier.

Citigroup devrait aussi loger tous les actifs dont elle souhaite se séparer dans une entité distincte, a-t-on dit.

Mardi, Citigroup a officialisé une première cession : le rapprochement de sa société de courtage Smith Barney avec les activités de gestion de fortune de Morgan Stanley.

Concrètement, Citigroup va apporter 100% de Smith Barney ainsi que Smith Barney Australia et sa filiale britannique Quilter à la nouvelle société en échange de son entrée au capital à hauteur de 49%. Citigroup recevra en outre un paiement de 2,7 milliards de dollars.

SCINDER CITIGROUP ?

Morgan Stanley, en apportant la totalité de sa gestion de patrimoine, sera majoritaire dans la nouvelle co-entreprise avec 51% du capital et aura la possibilité à terme d'en détenir 100%.

"Il n'y a pas d'autre manière de voir cette opération, à notre avis, qu'une façon pour Citigroup de lever du cash avant la publication de ses résultats du quatrième trimestre", écrit l'analyste d'Oppenheimer & Co, Meredith Whitney.

Elle dit s'attendre à une poursuite des cessions d'actifs.

Mais Vikram Pandit, qui a pris la direction générale en décembre 2007, aura-t-il le temps de finir son travail ?, se demandent un nombre de plus en plus grand d'observateurs.

Citigroup a déjà obtenu deux bouées de sauvetage du département du Trésor dans le cadre du plan Tarp (Troubled Asset Relief Program) : 25 milliards en octobre et 20 milliards en novembre.

Mais dans des marchés du crédit très tendus, la capacité de Citigroup à céder des actifs en tout ou partie risque d'être difficile. En outre, avec la détérioration de la conjoncture, les pertes sur ses différentes activités de prêteur, comme par exemple les cartes de crédit, risquent de gonfler.

David Trone, analyste chez Fox-Pitt Kelton, estime que la vente d'actifs importants "n'est même pas faisable" dans ce contexte. Pour lui, la seule possibilité est de scinder Citigroup en plusieurs sociétés cotées en Bourse.

"Quand le marché va réaliser que la direction n'a pas l'intention - ni la capacité - de trouver des acquéreurs, on va voir l'action chuter sous l'effet de la déception", estime-t-il.

Les huit analystes ayant produit des estimations pour Citigroup au cours de la semaine écoulée, tablent sur une perte d'un dollar par action au quatrième trimestre, selon Reuters Estimates.

Jonathan Stempel, version française Danielle Rouquié