par Dan Wilchins

Longtemps considérée comme la plus faible des grandes banques américaines, Citigroup semble se redresser désormais, même si son directeur général Vikram Pandit préfère rester prudent en prédisant que le chemin de la reprise pourrait rester instable.

"De manière réaliste, nous ne prévoyons pas que notre performance va suivre une tendance haussière constante", a-t-il déclaré, tout en ajoutant que les perspectives de la banque sur le long terme étaient "brillantes".

Vers 14h45 GMT, le titre bondissait de plus de 6%, à 4,85 dollars.

Lors d'une conférence téléphonique avec la presse, le directeur financier du groupe John Gerspach a indiqué qu'un élément clé pour la future rentabilité de la banque était la performance du pôle banque d'investissement/corporate, qui peut fluctuer au fil du temps.

Les valorisations des actifs de la division Citi Holdings, qui abrite les activités et les actifs dont l'établissement veut se séparer, seront également un facteur important, a-t-il ajouté.

PLUS DE 100 MILLIARDS DE DOLLARS PERDUS

En mars, Vikram Pandit avait dit que l'établissement était bien parti pour renouer avec les bénéfices de manière viable et que ses pertes liées à ses mauvais actifs devraient être gérables si l'économie ne coulait pas.

La troisième banque américaine a fait état d'un bénéfice par action (BPA) de 15 cents, contre une perte par action de 18 cents un an auparavant, correspondant à une perte totale de 966 millions de dollars.

Les analystes interrogés par Thomson Reuters I/B/E/S s'attendaient à ce que les comptes de la banque soient à l'équilibre.

Le directeur général du groupe cherche à réduire la taille du bilan de la banque en concentrant l'activité de cette dernière sur ses principales opérations, la banque de détail et la banque d'affaires et d'investissement.

Citigroup, qui a enregistré plus de 100 milliards de dollars de pertes de crédit et de provisions depuis l'éclatement de la crise financière, a cédé plus de 500 milliards de dollars d'actifs depuis le troisième trimestre 2007 et entend encore en vendre ou en déprécier pour un montant supérieur au demi- milliard de dollars.

PLUS-VALUE LATENTE

Citigroup a d'ailleurs indiqué la semaine dernière envisager la vente de ses "hedge funds", représentant 4,2 milliards de dollars d'actifs, à SkyBridge Capital pour un montant non dévoilé.

Par ailleurs, le Trésor américain, qui peut désormais céder sa participation dans Citigroup, a dit le mois dernier qu'il envisageait de céder cette année ses 7,7 milliards de titres, acquis au prix unitaire de 3,25 dollars.

Si le Trésor réalisait la vente de ses titres aux cours actuels, la plus-value pour l'Etat américain serait de plus de 12,5 milliards de dollars.

Certains analystes estiment que l'action pourrait gagner plus de 60 cents, une fois absorbées les pertes sur créances, une mesure dite "résultat normalisé". Le multiple de Citigroup par rapport au résultat normalisé s'élève à 7,6, contre un ratio de 10 pour JPMorgan Chase.

L'exposition de Citigroup aux troubles du crédit aux Etats-Unis étant très élevée, la banque pourrait souffrir si l'économie faisait une rechute.

Elle est en revanche bien mieux capitalisée que bon nombre de ses pairs et est bien exposée aux marchés de croissance que sont la Chine et l'Inde par exemple. Un part relativement faible de son capital est aux mains d'institutionnels, ce qui implique que son action pourrait être l'objet d'une forte demande de leur part s'ils avaient le sentiment que sa situation s'améliore bel et bien.

Tandis que l'indice bancaire KBW a progressé de 28% depuis le début de l'année, Citigroup a elle bondi de 38% dans le même temps, soutenue par de meilleures perspectives en matière de crédit.

Ces perspectives profitent aux banques considérées comme plus risquées, car le marché que ces dernières ont encore davantage à gagner que leurs pairs d'une stabilisation de l'économie.

Les comptes de Citigroup, comme ceux des autres banques, ont subi l'influence de nouvelles règles comptables qui ont réintégré dans le bilan des créances titrisées sous forme obligataire. Cela a eu pour effet de gonfler le bilan et de réduire les fonds propres.

La banque a publié des comptes ajustés qui montrent l'aspect qu'auraient eu les trimestres précédents si les instruments titrisés avaient été réintégrés au bilan.

Avec Maria Aspan, Alexandre Boksenbaum-Granier pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat