Niederweningen (awp) - Le groupe Bucher Industries a vu son chiffre d'affaires et ses commandes se replier sur les neuf premiers mois de 2016. Kuhn Group, sa plus importante unité, souffre particulièrement de la dégradation conjoncturelle dans le secteur agricole. La direction rabote ses objectifs annuels mais exclut pour le moment une réduction de la voilure.

Les ventes réalisées par le groupe zurichois entre janvier et septembre se sont tassées de 4,8% sur un an à 1,80 mrd CHF, essentiellement en raison de la chute de la demande pour les machines agricoles et les véhicules de voirie. Les entrées de commandes accusent une contraction de 5,0% à 1,69 mrd, indique le constructeur zurichois jeudi dans son rapport d'étape.

Si les entrées de commandes sont très légèrement supérieures aux prévisions des analystes consultés par AWP, le chiffre d'affaires sur 9 mois est ressorti en dessous des pronostics (1,81 mrd CHF).

La division Kuhn (machines agricoles), qui compte pour plus de 40% des recettes du groupe, accuse une nouvelle fois un net recul des ventes (13,1%) à 735 mio CHF. Bucher explique cette contre-performance par la chute généralisée des prix dans l'agriculture, notamment les céréales, le lait et la viande, qui poussent les professionnels à renoncer à investir dans de nouvelles machines.

Avec un chiffre d'affaires en repli de 1,1% à 266 mio CHF, la division Municipal s'en sort légèrement mieux. La marche des affaires a cependant été fortement perturbée par les incertitudes liées au Brexit, qui ont grevé la demande sur le marché britannique, ainsi que par la dévaluation de la livre. La base de comparaison est par ailleurs biaisée par une commande importante de la municipalité de Moscou (30 mio CHF) en 2015.

Les unités Hydraulics et Emhart Glass ont connu une évolution plus réjouissante, enregistrant une croissance des ventes de respectivement 3,6% à 366 mio CHF et 7,0% à 263 mio.

Le chiffre d'affaires de Bucher Specials accuse un léger repli (-1,0%) pour s'établir à 207 mio CHF, mais les entrées de commandes ont bondi de 17,9% sur un an, à 206 mio et le carnet de commandes a quasiment doublé par rapport à l'année dernière, à 50 mio.

DIRECTION PESSIMISTE

La direction s'attend à voir perdurer la situation défavorable dans le secteur des machines agricoles, en particulier en Europe et en Amérique du nord, et à ce que les mesures d'économies ne parviennent à compenser qu'en partie le recul des ventes.

Les objectifs annuels ont ainsi été revus à la baisse. L'entreprise anticipe désormais un repli du chiffre d'affaires ainsi qu'une forte détérioration des marges opérationnelle et brute, après avoir pronostiqué jusqu'ici un chiffre d'affaires stable et une légère contraction des marges.

Lors d'une téléconférence, la nouvelle directrice financière (CFO) Christina Johansson, entrée en fonction il y a moins d'un mois, a considéré un recul du résultat opérationnel (Ebit) de 15% comme plausible. Pour rappel, ce dernier avait déjà fondu de près de 20% en 2015, à 207 mio CHF, pour une marge en baisse de 0,6 point à 11,9%.

Pour Kuhn Group et Municipal, la direction s'attend à une nette détérioration du résultat opérationnel. Les divisions Hydraulics, Emhart Glass et Bucher Specials en revanche devraient voir leur rentabilité augmenter.

Le directeur général (CEO) Jacques Sanche a expliqué que la performance du groupe est fortement tributaire de l'évolution du prix du lait. En raison des rapides fluctuations de prix, il n'a pas souhaité formuler de pronostics pour l'exercice 2017.

TAILLE ADÉQUATE

Concernant la taille du conglomérat, le patron a affirmé que "les discussions sont menées régulièrement", mais aussi que pour l'instant, étant donné le caractère cyclique des activités, la dimension du groupe est considérée comme adéquate.

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) évoque un "sombre tableau" brossé par la direction Bucher pour Kuhn Group. Même si les entrées de commandes sur neuf mois ont légèrement dépassé les attentes, l'assombrissement des perspectives pousse la ZKB à revoir ses estimations pour 2017.

De son côté, Vontobel ne cache pas sa préoccupation au vu de la tendance négative dans le secteur agricole, alors que la division Municipal souffre de l'absence de gros contrats.

UBS évoque le risque de voir Bucher contraint à réduire la voilure, alors que Baader Helvea craint de voir la rentabilité s'effriter à l'échelle du groupe dans le futur.

Seul Kepler Cheuvreux a une lecture plus optimiste, mentionnant des signaux de reprise dans le secteur laitier, ainsi qu'une probable optimisation du portefeuille avec le renouvellement du duo dirigeant CEO-CFO.

Après une ouverture dans le rouge vif frôlant les -7%, la nominative s'est reprise en fin de matinée. A 14h25, elle perdait encore 3,9% à 230,10, alors que le marché global (SPI) grappillait 0,07%.

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