ROME, 10 juillet (Reuters) - Le président du Conseil italien Enrico Letta a demandé l'ouverture d'une enquête sur l'expulsion fin mai de l'épouse et de la fille de l'oligarque kazakh en fuite, Moukhtar Abliazov, dont la légalité est mise en cause.

Banquier et ancien ministre du gouvernement kazakh, Moukhtar Abliazov, 50 ans, a fui son pays lorsque sa banque BTA BTAS.KZ a été nationalisée et déclarée insolvable en 2009.

Accusé d'avoir détourné six milliards de dollars, il se cache depuis l'an dernier après s'être enfui du Royaume-Uni, où il ne s'est pas présenté à une audience pour outrage à magistrat qui devait lui valoir une peine de 22 mois de prison.

Un tribunal romain a annulé ce mois-ci une décision du parquet, autorisant de fait la perquisition de sa villa à Rome.

Moukhtar Abliazov n'était pas à son domicile quand la perquisition a eu lieu le 29 mai dernier, mais sa femme, Alma Chalabaieva, et leur fille de six ans ont été arrêtées à cette occasion et expulsées deux jours plus tard vers le Kazakhstan à bord d'un vol non-commercial.

Le président du Conseil italien a déclaré mercredi devant le parlement que des versions divergentes circulaient sur ce qui s'était réellement passé après l'intervention de la police au domicile de l'oligarque, rendant "une clarification inévitable".

Il a précisé que les résultats de l'enquête seraient rendus publics, ajoutant que les "doutes et les zones d'ombre ne seront pas tolérés".

Abliazov a quant à lui accusé le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev, d'avoir fait pression sur les autorités italiennes pour "enlever" sa famille.

Les avocats de sa famille soulignent que les permis de résidence de sa femme et de sa fille, émis par le Royaume-Uni et la Lettonie, étaient valables et que ces dernières avaient été expulsées par la force malgré leur demande d'asile politique.

Le ministère kazakh des Affaires étrangères a assuré de son côté que les autorités italiennes avaient arrêté Chalabaieva parce qu'elle possédait un faux passeport, ajoutant qu'elle avait été expulsée à la demande du gouvernement italien. (Steve Scherer et Naomi O'Leary; Hélène Duvigneau pour le service français, édité par Pascal Liétout)

Valeurs citées dans l'article : BTA Bank AO, Eni SpA