NOUVELLE-ORLEANS, Etats-Unis, 26 février (Reuters) - La culture d'entreprise de BP a incité le groupe pétrolier à privilégier la maîtrise des coûts à la sécurité sur ses installations avant que ne survienne la marée noire de 2010 qui a souillé les côtes de Floride, a déclaré un témoin cité mardi au procès du groupe pétrolier britannique.

"Il y a de nombreuses preuves d'une pression intense exercée de l'intérieur pour gagner du temps et de l'argent", a déclaré Bob Bea, cofondateur du Centre de gestion des risques liées aux catastrophes. "(...) Des sacrifices ont été faits au détriment de la sécurité".

Bob Bea est le premier des témoins cités par la défense, le département américain de la justice et les Etats du golfe du Mexique, contre BP, Transocean, propriétaire de la plateforme responsable de la marée noire, et Halliburton en qualité de fournisseur du ciment.

"C'est une culture d'entreprise dans laquelle chaque dollar compte", a dit Bob Bea.

L'explosion de la plate-forme en avril 2010 a fait 11 morts et déversé quatre millions de barils de pétrole dans la mer, souillant les côtes de cinq Etats américains.

Les observateurs estiment que les premiers témoignages serviront surtout à donner le ton des futures négociations, qui peuvent se dérouler parallèlement au procès, sur un éventuel accord au civil entre BP et les plaignants.

Par le passé, BP est parvenu à plusieurs règlements de ce type, avant ou pendant des procès. Le groupe a ainsi accepté de payer 3,1 milliards de dollars au civil après l'explosion de sa raffinerie de Texas City en 2005, ce qui a mis fin à quatre procès.

La marée noire du golfe du Mexique est cependant d'une ampleur bien supérieure, et les opérations de nettoyage, ainsi que divers règlements et amendes, ont jusqu'ici coûté 37 milliards de dollars à BP. (Nicolas Delame pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)