par Tom Bergin et Ernest Scheyder

La valeur boursière de la "major" a ainsi fondu de 100 milliards de dollars (81,3 milliards d'euros) depuis le début de la catastrophe écologique le 20 avril, une chute qui dépasse désormais 50%.

Les analystes du courtier Nomura soulignent que le groupe doit encore apporter la preuve qu'il dispose de suffisamment de liquidités pour continuer à fonctionner.

"Le retournement important du rendement du crédit comme de la volatilité de l'action est le signe que le marché s'inquiète d'un éventuel incident de crédit à court terme concernant BP", expliquent-ils dans une note.

"Compte tenu du coût élevé de la dette et du temps nécessaire aux cessions d'actifs, nous pensons qu'un financement lié à l'émission d'actions - peut-être avec le soutien d'un fonds souverain - pourrait être une solution attractive à court terme", ajoutent-ils.

Un porte-parole de BP, dont le directeur général Tony Hayward est actuellement en Grande-Bretagne pour une série de réunions avec des investisseurs, a assuré que le groupe avait suffisamment de fonds pour couvrir le coût de la catastrophe et il a démenti une rumeur de marché selon laquelle BP chercherait à se placer sous la protection d'un régime de faillite.

"Nous disposons d'une puissance de feu considérable pour faire face à tous les coûts à mesure qu'ils augmentent", a déclaré le porte-parole.

LA MÉTÉO POURRAIT CONTRARIER LES EFFORTS DE BP

Après avoir touché un plus bas à 296 pence, l'action de BP cotée à Londres réduisait ses pertes dans l'après-midi mais elle abandonnait toujours 5,92% à 306 pence à 14h25 GMT.

Parallèlement, les CDS à cinq ans de BP, des instruments financiers utilisés par les investisseurs pour se prémunir contre un risque de défaut du groupe sur ses dettes, augmentaient de 40 points de base à 575 points, selon des données Markit.

BP a précisé vendredi avoir déjà dépensé 2,35 milliards de dollars pour contenir la marée noire, financer les nettoyages et dédommager des victimes.

Les investisseurs craignent toutefois qu'il ne s'agisse que d'une fraction du coût total dont le groupe devra s'acquitter, alors que plus de 200 procédures judiciaires ont déjà été engagées à son encontre.

Sous la pression des autorités américaines, BP a par ailleurs accepté de mettre en place un fonds de 20 milliards de dollars afin de garantir l'indemnisation des victimes.

La major a précisé que le puits de dérivation qui est en cours de construction avait détecté le puits Macondo dont s'échappe le pétrole depuis le 20 avril et qu'il devrait bientôt pouvoir commencer ses opérations pour tarir la fuite.

La météo pourrait toutefois contrarier les efforts du groupe pétrolier. Une tempête tropical qui balaye actuellement la partie occidentale de la mer des Caraïbes pourrait en effet se transformer en ouragan au cours des prochains jours.

De son côté, le gouvernement du président Barack Obama étudie les différentes options judiciaires qui s'offrent à lui après la décision, mardi, d'un tribunal de La Nouvelle-Orléans d'annuler le moratoire de six mois qu'il avait décrété sur les forages en eau profonde.

La justice avait été saisie par une douzaine de compagnies pétrolières hostiles au moratoire.

Nicolas Delame et Gwénaëlle Barzic pour le service français, édité par Marc Angrand