Contexte. Les principaux groupes agroalimentaires ont enregistré de bonnes performances au premier semestre. Danone a affiché des résultats supérieurs aux attentes des analystes, avec un chiffre d'affaires en hausse de 7% et un bénéfice net courant en progression de 10%. Toutefois le groupe pâtit de sa politique de relance par les volumes. En effet sa marge opérationnelle courante a reculé de 74 points de base sur la période, en dépit d'un plan de réduction de coûts de 500 millions d'euros sur l'année 2010. Quant au leader mondial, Nestlé, ses ventes comme sa rentabilité se sont une nouvelle fois améliorées au premier semestre. La croissance organique a atteint 6,1% par rapport aux six premiers mois de 2009, pour un chiffre d'affaires consolidé de 55,3 milliards de francs suisses (40,4 milliards d'euros). Son résultat d'exploitation a bondi de 13,6% à 8,4 milliards, autorisant une amélioration de la marge d'exploitation 14,1% à 15,1% sur un an. Le groupe devrait bénéficier par ailleurs de la cession de sa participation dans le groupe d'ophtalmologie Alcon, qui va lui rapporter 21,6 milliards d'euros. Même s'il prévoit un second semestre plus difficile du fait de la hausse des prix des matières premières, Nestlé a relevé ses prévisions de ventes pour 2010. Il vise désormais une croissance organique d'environ 5% contre une progression supérieure à 3,9% attendue précédemment.

Perspectives et enjeux. Le contexte est incertain car il est marqué par une volatilité des cours des matières premières. Les industriels de l'agroalimentaire s'adaptent à la crise en faisant preuve d'inventivité, à la fois sur le plan de leur portefeuille de produits et dans leurs relations avec les consommateurs. Selon certains spécialistes plus de 80.000 innovations ont été recensées au niveau mondial l'an passé dans le domaine alimentaire, soit 15% de plus qu'en 2008. Le mouvement s'est poursuivi sur le premier semestre 2010. Les grands groupes cherchent ainsi à susciter l'appétit des consommateurs et à se différencier des marques de distributeurs. Côté débouchés, les industriels de l'agroalimentaire recherchent des relais de croissance en France en dehors des grandes surfaces, qui leur imposent une pression croissante. C'est ce qu'est parvenu à faire Nestlé avec sa marque Nespresso, exclusivement commercialisée dans ses boutiques et sur Internet. Pour Häagen-Dazs, les 75 magasins représentent une vitrine, tout comme les deux boutiques Maille du groupe Unilever.

Pour comprendre. Le secteur de l'agroalimentaire, second employeur en France, regroupe plusieurs segments de marché (conserves, biscuits, produits laitiers, plats cuisinés, produits surgelés et boissons alcoolisées et non alcoolisées). Il inclut également l'industrie du tabac. Si certains groupes renforcent leurs marques accessibles, ils montent également en gamme des produits grâce à l'innovation.