par Matthias Blamont

L'européen Airbus, principale division d'EADS, prévoit désormais de dépasser son objectif de commandes annuel et estime qu'il pourrait finir l'exercice 2010 avec près de 400 commandes brutes contre 310 en 2009 et 900 en 2008, dernier point haut du cycle.

Son sempiternel rival américain Boeing a de son côté fait valoir que la demande pour de nouveaux avions, "sur le point d'exploser" selon l'expression de son directeur général Jim Albaugh, pourrait l'inciter à revoir sa prévision interne. Celle-ci n'est pas rendue publique.

Les compagnies aériennes des pays émergents ont encore battu la mesure. Thai Airways a signé un protocole d'accord pour sept long-courriers A330-300 tandis que Garuda Indonesia s'est engagée à acquérir six A330-200, deux transactions estimées à près de trois milliards de dollars (2,34 milliards d'euros) sur la base indicative des prix catalogue.

American Airlines s'est néanmoins illustrée avec l'achat de 35 monocouloirs B737-800, estimé à 2,68 milliards de dollars, qui marque la seule commande venue des Etats-Unis depuis le début du salon à l'exception de celles des loueurs ALC et Gecas. Boeing a également placé deux bicouloirs B777 à Qatar Airways.

Avant l'ouverture de la manifestation mardi matin, la Royal Bank of Scotland a révélé être l'acquéreur, jusqu'ici anonyme, d'une commande de 52 monocouloirs A320 et de 43 B737 à l'attention de sa société de location RBS Aviation Capital qui pourrait atteindre quelque huit milliards dollars.

"Cette opération reflète la tendance de long terme selon laquelle il y a de la demande pour la location d'avions, particulièrement pour les monocouloirs, les chevaux de labour de l'industrie (les A320 et les B737, ndlr)", a déclaré au cours d'une interview Peter Barrett, directeur général d'Aviation Capital.

"L'activité dépasse clairement les attentes et les compagnies de leasing ont créé la surprise. A un moment où on pouvait s'interroger sur l'évolution du produit A320 et B737, la demande est là alors que le CSeries (l'avion régional du canadien Bombardier, ndlr) n'a pas vraiment su convaincre", souligne de son côté Yan Derocles, analyste auprès d'Oddo Securities.

"Nous restons persuadés que nous assisterons au 'retour' des compagnies américaines et européennes d'ici à la fin de l'année compte tenu de leurs besoins pour renouveler leurs flottes", ajoute-t-il.

SE PRÉPARER AUX BONNES AFFAIRES

L'optimisme d'Airbus et de Boeing n'a pas empêché la guerre de communication sur leur dispute arbitré par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) de se poursuivre.

Un porte-parole de l'institution internationale a confirmé mercredi que l'Union européenne avait engagé un recours en appel contre sa décision sur les dispositifs de soutien publics accordés à Airbus.

"L'appel donne à Airbus bon espoir que certains des éléments litigieux seront réévalués et infirmés - en particulier l'argumentation concernant les subventions aux exportations", a réagi le directeur de la communication du constructeur, Rainer Ohler.

"Nous sommes confiants sur l'issue de cet appel, comme nous l'étions lorsque les Etats-Unis avaient ouvert la procédure", a pour sa part rappelé Robert Novick, avocat de Boeing.

Le secteur de la défense a été plus avare d'annonces, conséquence des restrictions budgétaires à l'étude en Europe et aux Etats-Unis.

Les valorisations des entreprises les plus fragiles pourraient être affectées dans les prochains mois, une opportunité à laquelle certains acteurs veulent se préparer.

Le directeur général d'EADS North America, Sean O'Keefe, a déclaré à Reuters que ses équipes étudiaient plusieurs dossiers d'acquisitions et que l'entreprise déciderait dans les semaines à venir de procéder à l'examen éventuel des livres de comptes de cibles potentielles.

Sanctionnées mardi en dépit de nombreuses annonces de commandes, les actions du compartiment aéronautique ont regagné du terrain mercredi.

EADS a gagné 1,9% à 16,38 euros à la Bourse de Paris tandis que Boeing avançait de 0,58% à 64,25 dollars à New York vers 16h50 GMT.

Avec Tim Hepher, Kyle Peterson et Ben Berkowitz, édité par Matthieu Protard