par Eva Odefalk

C'est la première fois qu'un important établissement bancaire est nationalisé en Suède depuis la crise financière que le pays a connue au début des années 1990.

La nationalisation de la banque d'investissement a été décidée en accord avec la Riksbank, la banque centrale suédoise. Le Bureau de la dette a accordé à Carnegie un prêt qui se substitue à l'aide annoncée précédemment par la Riksbank, d'un montant susceptible d'atteindre cinq milliards de couronnes (501 millions d'euros).

Le capital en actions de Carnegie fait office de collatéral pour le prêt du Bureau de la dette.

"La décision a été prise dans le but d'assurer la stabilité financière et de préserver la valeur du collatéral", explique le Bureau de la dette dans un communiqué.

Les autorités financières suédoises enquêtent sur des soupçons de manques de contrôles au sein de Carnegie, notamment dans le domaine de la gestion de l'exposition aux risques de crédit.

Erik Saers, directeur adjoint de l'Inspection des Finances suédoise (FI), a expliqué lors d'une conférence de presse que la décision de suspendre la licence de la banque s'était imposée.

"Le conseil d'administration a décidé d'un commun accord de ne pas autoriser la société poursuivre" ses activités, a-t-il dit.

AMENDE RECORD L'ANNÉE DERNIÈRE

Saers a précisé que le Bureau national de la dette pouvait désormais vendre Carnegie en un seul bloc ou en entités séparées.

L'année dernière, l'Inspection des Finances avait infligé une amende record de 50 millions de couronnes (5 millions d'euros) à Carnegie, dont certains employés étaient soupçonnés d'avoir gonflé les bénéfices de l'établissement.

Avant ce scandale, qui avait conduit à un remaniement de la direction, la banque avait été choisie pour mener à bien le plus grand programme de privatisations de l'histoire du pays.

La nationalisation de Carnegie illustre les difficultés que traverse actuellement le monde bancaire. Elle va également à l'encontre des objectifs du gouvernement, contrôlé par les modérés, qui est arrivé au pouvoir en 2006 en promettant des privatisations.

Carnegie, fondée par l'Ecossais David Carnegie en 1803, emploie 1.100 personnes.

Elle a tenté jusqu'au bout de demeurer indépendante en annonçant un peu plus tôt dans la journée un plan de sauvetage qui prévoyait notamment une augmentation en capital d'un montant total de 1,2 milliard de couronnes (120 millions d'euros).

L'Inspection des Finances a précisé que le retrait de la licence de la banque pourrait être transformée en simple avertissement après la nationalisation de l'établissement.

Avec Niklas Pollard et Anna Ringstrom, version française Marc Angrand et Gwénaëlle Barzic